lundi 29 décembre 2008

Dernier billet de l'année




















«En Alsace, on se bourre la face», je ne sais pas si c’est le slogan de la région, mais wow, je trouve que ça lui va bien, on a tellement mangé de bonnes choses ! Menoum ! Jarret de porc braisé et choucroute à Strasbourg. Munster frit (le Munster est un fromage, pour ceux qui ne le sauraient pas), feuilleté de boudin noir aux pommes (remenoum) dans un restaurant d’Obernai, le tout accompagné de roestis (pommes de terre sautées aux lardons). On a mangé des tartes flambées (ressemble à un genre de pizza) à Riquewhir, le tout accompagné de bière de Noël la plupart du temps. J’en ai profité tandis qu’il y avait du choix ! et le vin, on en boit souvent. Pour terminer, on s’est payé de l’oie et du canard confit Chez la Tante Liesel. Quelle merveilleuse adresse : vous devez vous y arrêter si vous passez par Strasbourg (9 rue des Dentelles). Mmmm... Délicieux confort food : j’ai dû prendre une livre dans chaque fesse, mais ça me va bien je trouve. On a été chanceux, il a vraiment fait très beau ces derniers jours, mais il a fait extrêmement froid. J’ai perdu l’habitude de geler ! Finalement, l’Alsace m’a bien dépaysée (on dirait vraiment un autre pays, c’est ce que j’aime de la France).

Dans un mois, ça fera déjà un an que je suis ici avec Olivier, Macha et Scapin (la boule de poil qui me sert de chats domestiques). J’ai rien vu aller, rien vu passer, mais en même temps, on dirait que ça fait une éternité que je suis ici. Le temps est étrange. J’ai pris deux-trois résolutions pour l’année 2009. D’abord, je dois terminer mon mémoire (ehe ! ben oui, toujours celui-là !) et je voudrais écrire plus pour moi-même. C’est encourageant d’avoir une mininouvelle qui sera publiée prochainement, je me dis que je pourrais tenter le coup pour quelque chose de plus gros. J’ai plein d’idées, plein de minibouts d’histoires, le tout c’est de savoir/pouvoir les écrire. Je me dis que si je ne tente pas le coup maintenant, je ne le ferai jamais. Je voudrais être plus écologique aussi. Je fais déjà mon possible, je vais essayer de faire plus.
Bonne année!

mercredi 24 décembre 2008

Meilleurs voeux

J’ai pas à me plaindre. Je pars pour l’Alsace dans quelques heures pour quelques jours et ce sera merveilleux d’être là, de bouffer et de boire (Danielle, je ne prendrai pas le temps d’aller te voir, malheureusement. On reste en amoureux cette fois-ci. Joyeux Noël à toi et toute ta famille xxx) et de visiter tous les marchés de Noël. Tout le monde n’a pas la chance de passer Noël dans LA ville de Noël !!! Alors voilà, vous n’aurez pas mon traditionnel coup de téléphone demain matin pour savoir ce que vous avez trouvé dans vos bas de Noël, mais je prendrai plein de photos, comme ça vous pourrez voir de quoi ça a l’air, Strasbourg, à Noël.

N’empêche, c’est pas facile de passer cette période de l’année loin de ceux qu’on aime. Alors, je penserai à vous, lecteurs, et aux autres (qui ne savent pas lire, ehe !) : vos oreilles bourdonneront... Je souhaite que vous passiez un bon temps des fêtes, même si vous vous foutez de Noël, moi je m’en fous pas. Je souhaite que vous soyez entourés de ceux que vous aimez et qui vous aiment et que vous en profitiez, sans arrières pensés. Je vous souhaite de lâchez prise, au moins une fois dans l’année, de laissez de côté vos soucis et vos chicanes, vos problèmes, vos dettes, vos questions existentielles. On dit souvent qu’on se rend compte de l’importance qu’ont certaines choses une fois qu’elles ne sont plus. On le dit, mais de le vivre c’est une autre histoire : c’est vide... tous les voyages en Alsace du monde n’arriveront jamais à le combler vraiment. C’est comme un vide juste patché.

Le 24 décembre d’habitude, je me levais tôt et j’allais acheter La Presse. Y’avait plein d’histoires de Noël. J’aimais ça lire ça... y’a personne de mort (que je connais entoucas)... je vais arrêter de m’apitoyer.

Bon, j’ai pas de budget «cadeaux», mais je voulais quand même vous offrir quelque chose. Hier, en marchant dans Bonnelles, j’ai vu le plus gros chou de ma vie. Il est monstrueux ! Je trouvais ça pas mal original comme cadeau, alors je vous le donne. Y'en a assez pour tout le monde ! Passez de Joyeuses fêtes !

lundi 22 décembre 2008

La dinde ne fait rien à l'affaire

Souvent quand je file ordinaire, un évènement extérieur hors de mon contrôle survient telle la métaphore de ma vie ( ! ). Bon, je suis pas si superstitieuse... mais en fin de semaine, la métaphore était pas mal réussie.

Je vais vous épargner les détails de ma déchéance en vous disant simplement que j’ai passé une semaine de merde à m’apitoyer, à me morfondre et à me poser des questions ontologiques. Heureusement, vendredi j’allais un peu mieux, j’ai passé l’après-midi à jaser avec Laetitia et son chien Biscotte : on a bu du café (sauf Biscotte) et on est allée marcher dans la bouette du bois de Chevreuse. Il faisait beau en plus, ce qui est assez rare. Je peux dire avec assurance que j’ai profité de cette journée sur terre et régler plusieurs problèmes qui me chicotaient inutilement l’esprit. Heureusement.

Mais voilà, samedi la grisaille était de retour et j’étais plus insupportable que jamais. Apparemment, j’ai dégagé tellement d’énergie négative que les canalisations d’eau de la rue de la Division Leclerc ont explosé, juste sous le porche de notre ferme, ce qui a eu pour effet d’inonder et la rue, et l’appartement sous le nôtre. Le déluge, quoi. Les pauvres nouveaux locataires ont été chanceux dans leur malchance, ils n’avaient pas encore aménagé, mais avaient tout de même passé toute la journée à peinturer... Ils étaient en torpinouche. On s’est rendu compte du déferlement aqueux vers 22h30 seulement, alors que je sortais du four une magnifique dinde de 4 kilos farcie à la saucisse de Toulouse et aux oignons (Gautier, je suis toujours tes conseils).

Quand je suis arrivée ici, je trouvais souvent que les Français n'étaient pas à leur affaire, au travail surtout, qu'ils étaient lambineux, égoïstes, qu’ils se dégagaient toujours de toutes responsabilités, qu’on avait pas de services, que ça «fonctionne mal», que c’était mal «géré», alouette... En fait, c’est seulement différent et j’ai appris à faire gentiment ce qu’on me demande pour obtenir ce que je veux, plutôt que de passer des heures à dire que «ça pas d’allure !!!» Mais je ne sais toujours pas quoi penser du fait qu’on vienne réparer sur le champ une canalisation d’eau explosée en pleine nuit. D'un côté, je me dis : wow, quelle efficacité ! Bravo ! C’est pas à Montréal qu’on verrait ça (une année, l’eau a coulé dans ma rue pendant trois jours et trois nuits, en plein hiver sans que personne ne déplace son cul pour venir évaluer la situation...) D’un autre côté, j’ai pas vraiment envie d’entendre un bruit de marteau piqueur à 2h00 du mat’, voyez-vous... surtout quand la canalisation à réparer en question se trouve dans le sol juste en dessous de la fenêtre de ma chambre à coucher. Eh oui, un chantier s’est monté en quelques minutes pour réparer la fuite en pleine nuit. Scies, marteaux piqueurs et pelle mécanique (!!!). Les Français du service de l’eau ont fait un énorme trou et se sont obstinés entre eux jusqu’à 6h00 du matin sur le pourquoi du comment de la fuite, comme dans les films français. Présentement, ils semblent déjà avoir réglé le problème et sont en train de combler le trou. Je n’ai même pas eu le temps de prendre une photo ! Trop rapides, les Français !

Il faut savoir qu’ici, ce sont les particuliers ou les propriétaires qui paient l’eau (au débit) qui, de surcroît, coûte plus cher qu’au Québec, où l’on est simplement taxés, si je ne me trompe. Quand survient un problème, vaut mieux le régler rapidement parce que ça fait gonfler les factures. Alors, je n’ai pas chialé, j’ai plutôt ricané, même si ce n’était pas drôle... Maintenant, on a une plage sous le porche, et les voisins, chanceux, en ont une dans leur appart. L’eau a fait remonter plein de sable. Moi qui m’ennuyais de la Corse... L’inondation aura eu du bon.

Morales de cette histoire :
Vaut mieux être de bonne humeur que de faire éclater les canalisations de la rue de la Division Leclerc, parce qu’après ça nous empêche de dormir.

Quand la plage se pointe chez toi sans prévenir, c’est qu’il est temps de prendre des vacances.

samedi 13 décembre 2008

Kiwi, de Daniel Danis - Une histoire de canards et de lumière, y paraît...


Hier soir j’ai eu la chance d’aller voir à nouveau une pièce de Danis, Kiwi, au Centre Wallonie-Bruxelles à Paris (10 euros le billet : j’étais morte de rire). La pièce a été créée à l’automne 2007 et cette production tourne depuis quelques temps en Europe francophone, je n’arrive pas à savoir si elle a été jouée au Québec (je ne cherche pas trop, j’aime bien me dire que j’ai un scoop !) J’avais quelques réserves avant de me rendre au théâtre. Dans le répertoire du CEAD, il est indiqué sur la fiche de la pièce qu’elle est destinée au 12 ans et + ... ouin. Je me suis souvenue que les pièces de Danis mettaient souvent en scène des personnages-enfants, et je ne voyais pas pourquoi celle-ci serait moins bonne que les autres parce qu'elle était supposément écrite en fonction d'un public adolescent. Effectivement, je n’ai pas regretté mon voyage à Paris.

Kiwi, c’est le nom d’une petite orpheline qui a onze ans au début de la pièce qui raconte son histoire et celle de Litchi, son «mari», dans la «famille» peu orthodoxe composée d’enfants de la rue. Ironiquement, tous se sont rebaptisés en se donnant des noms de fruits ou de légumes, nomenclature apétissante et fertile qui jure pathétiquement avec l’ambiance glauque de la misère et de la cruauté. Chassés de leur bidonville sous prétexte que la ville qu’ils habitent fait le ménage en prévision des jeux olympiques, les enfants s’organisent une société à leur manière dont le quartier général est un ancien bunker, la maison sous la terre, et se prostituent, à la maison noire, pour gagner leur pain et l’argent nécessaire pour acheter leur rêve, la maison de pierre.

J’aime me faire raconter des histoires et j’ai l’impression que les textes de Danis ont été écrits exactement pour satisfaire ce besoin viscéral de fiction humaine qui détermine les hauts et les bas de mon existence depuis ma naissance. Kiwi est un texte particulièrement touchant, encore une fois, très narratif, baigné d’une poésie libérée de tous les tabous des grammaires, où les mots-images, même ceux qui n’existent pas, deviennent envisageables et prononçables. Les personnages nous plongent dans leur histoire en nous la racontant plutôt qu’en la mimant, le dialogue direct entre eux étant pratiquement inexistant. Les conversations sont la plupart du temps rapportées, ce qui nous oblige à imaginer une grande part de l’action. J’ai l’impression que ça renforce notre position et notre rôle de spectateur puisqu’on a droit à plusieurs points de vue. Le spectateur doit assembler lui-même ces voix pour créer l’histoire. Bref, voir du Danis me donne l’impression que je suis en train de lire un livre. Deux plaisirs en un, donc.

En cela, ses textes ont la réputation d’être difficiles à mettre en scène. Pourtant, c’est bel et bien du théâtre, il n’y a pas de doute là-dessus. Je ne suis pas spécialiste de la mise en scène des textes de Danis, mais celle que j’ai vue hier était particulièrement impressionnante, peut-être parce que c’est l’auteur qui l’a conçu. Rien d’autre sur scène que deux écrans blancs. Le spectateur est plongé dans le noir et regarde la pièce, filmée sur scène en direct et en nocturne par un caméraman et projetté sur les toiles. En se servant de la technologie, Danis questionne les possibilités de la mise en scène. Les acteurs sont présents sur scène tout en ne l’étant pas pour le spectateur qui ne les aperçoit que par le truchement de la vidéo. Filmé la plupart du temps en gros plan, la caméra nous permet paradoxalement de mieux voir les acteurs et de nous rapprocher des personnages qu’ils incarnent, de vivre l’exigüité des lieux, propres et figurés, qu’ils sont forcés d’habiter, mais aussi de ressentir leur amour fraternel, la compréhension et l’entraide dont ils doivent faire preuve au jour le jour pour s’en sortir. La noirceur de la mise en scène met en lumière l’espoir qui portera finalement les personnages jusqu’au dénouement de leur cauchemar, dans un chez soi survolés par les canards et la lumière. Une récompense équivoque qu’ils auront payée de leur innocence.



*****


La technologie a perdue de sa «nouveauté» au théâtre. J’entends par là qu’il n’est pas rare que les metteurs en scène explorent les textes de théâtre avec des moyens qui dépassent le genre dans ses traditions. Ce travail d’exploration est remarquable pour moi, peu importe la qualité du résultat : il est tout à fait légitime de chercher à approfondir les textes de théâtre en usant de moyens techniques, qui sont par ailleurs de plus en plus accessibles et complètent souvent à merveille la dramaturgie d’un auteur, comme ça été le cas pour Kiwi. N’empêche, il semble qu’il y aura toujours des gens qui penseront être les seuls sur la terre à explorer les possibilités du théâtre, comme ces deux inconnues assises derrière moi, hier soir. Dégoutée dès la lecture du programme, une des deux femmes a sifflé amèrement à son amie : «Du théâtre-filmé... Tout le monde te copie maintenant ...»

vendredi 12 décembre 2008

Perdue dans'brume ou pétage de coche, je m'en fous

J’ai encore failli mourir ce matin. Je commence à être tannée, ça m'arrive à peu près une fois par semaine.

Depuis quelques jours, une brume épaisse persiste à engloutir le paysage mort de ma région parisienne. C’est ben beau... ça cache le brun-bouette des champs à moitié mort et comme il fait froid, du givre se dépose sur les arbustes, branchages, bocages et autres brindilles en bord des routes. Quand je suis de bonne humeur, je trouve que c’est «très mimiiiiiii !», surtout qu’il n’y a pas de neige et que ça me manque cruellement. Autrement, je déteste, comme la plupart des gens ordinaires, sortir au beau milieu d’un film d’horreur... c’est laid et humide. Ark.

Étant donné que je suis dépendante de ma voiture, la brume me fait deux fois plus chier. Hier soir, je suis allée reconduire mon époux à son entrainement de rugby, et été obligée de passer en char par la campagne horrifiante et brumeuse. L’espèce de brouillard avait gelé les rues. Comme la plupart des conducteurs en Ile-de-France, je n’ai pas de pneus d’hiver sur mon char... ce que je regrette amèrement. Franchement, c’est pas parce qu’il neige pas qu’on a pas besoin de pneus d’hiver, surtout qu’il fait pas mal frette je trouve... Entoucas, c'est trop cher de toute façon et comme c'est pas obligatoire... Les ronds-points sont supers glissants et ça me fait chier. En plus, j’ai tout le temps un épais qui me suit dans le cul. Y sont pas ben les gens ici. Qui c’est qui leur apprend à conduire coudonc ?!? Tout le monde sait ça qu’il faut pas suivre quelqu’un dans le cul en char !!! Pourquoi ils le font pareil !? Dans la brume en plus ? Quand ça glisse en torpinouche ? Ça me dépasse. Belle gang de caves.

Mais c’est pas ça, tantôt je suis allée chercher des croquettes pour mes chats qui meurent de faim depuis qu’il y a de la brume, parce que je veux pas trop sortir. Pour aller au magasin de croquettes je dois emprunter un grand droit entre Limours-en-Hurepoix et Gometz-la-ville. Ce grand droit fait à peu près 3-4 km, c'est pas très long... mais le jour du premier novembre, il y a des gerbes de fleurs pratiquement tout le long de la route à la mémoire de ceux qui ont perdu la vie là... La limite est de 90 km/h, mais tout le monde roule à 120. C'est très dangereux. Par beau temps, c’est pas très grave, on me dépasse et je m’en fou. Moi je dépasse jamais, parce que même si c’est un grand droit, la visibilité est très très très mauvaise et les gens roulent trop vite, j’ai peur de me faire prendre au dernier moment dans un face à face mortel. Et les gerbes de fleurs sont après tout un méchant avertissement... Mais c’est pas tout le monde qui pense comme moi... En revenant, avec mes 10 kg de croquettes (ça devrait me durer un bon bout de temps, comme ça mon espérance de vie va augmenter), quelqu’un a décidé de dépasser la voiture qui s’en venait devant moi en sens inverse alors que la brume nous empêche de voir à 20 pieds devant nous. Crisse, je l'ai vu à la dernière minute, à cause de la brume, et j’ai été obligée de ROULER DANS LE CHAMPS D'À CÔTÉ À 90 KM/H AVEC DES PNEUS D’ÉTÉ pour l’éviter. Gros épais. J'en shake encore.

jeudi 4 décembre 2008

Simon ne te fourre pas

... sur le Post-mortem du slocheux, dans les commentaires.

Suivez le lien si vous croyez au Père Noël!

mercredi 3 décembre 2008

Père Noël me fourre

Ah ! Ce Simon Poulin ! Quel badineur ! Quel enjôleur ! QUEL ESCROC ! L’Arsène Lupin de la blogosphère a persisté et signé la deuxième fin de son blogue lundi... Ma foi, je suis séduite, encore une fois... mais pas pour les mêmes raisons. Mon slocheux chéri a déjà fait un topo sur les points forts et faibles de l’épisode 2 de cette saga, je ne reviendrai pas là-dessus, et j’ai moi-même dit ce que j’avais à dire il y a quelques mois déjà.

Non. J’aimerais aller au-delà (je ne sais pas si j’y arriverai).

Simon Poulin, après avoir dévoilé au monde entier (aha !) que son histoire était de la frime, a posté des vidéos d’un certain Franco Fiori, l’imposteur des médias, sur son blogue ce matin, le tout pour qu’on comprenne mieux son projet (c’est ce que j’ai compris du moins). Quel farceur, ce Fiori ! Enfin, nous vivons à l’ère de l’imposture. Si on veut bien y croire, on peut dire que tout est faux. Pour survivre, dans ce monde surpeuplé de crosseurs, soit on reste passif et on se laisse porter par les faussaires qui nous font rêver, soit on cherche à tout prix la vérité, soit on crie à l’imposture. Une chose est sûre, il semble que l’être humain ne peut pas rester dans l’ignorance, dixit les billets et la multitude de commentaires tous plus étranges les uns que les autres qui ont été publiés après la soi-disant révélation de la véritable identité de mon ami imaginaire Simon Poulin. Tout le monde est content d’avoir tiré sur la fausse barbe du Père Noël et d’avoir reconnu le visage mon oncle chose. Maintenant, on peut lui en vouloir pour toute la vie de s’être travesti, se dire «ah ouin... de toute façon j’avais reconnu ses souliers quand y’é entré» ou bedon rire à gorge déployée une fois le choc absorbé. La dernière option me semble la plus appropriée.

Papa me fourre, c’est un blogue-bédé, Simon Poulin, un personnage pseudonyme. Depuis que Simon a publié les vidéos : plus de bédé, plus d’auteur. Papa me fourre est un canular de première (eille Simon, t’aurais dû attendre le 1er avril)... Quand vous lisez un livre, volontairement je veux dire, quand personne ne vous force à lire un livre, vous exclamez-vous après avoir lu le dernier mot de la dernière phrase : Quel imposteur cet auteur ! Quand vous allez au théâtre, est-ce que vous vous répétez à tout moment que c’est une représentation de la réalité ? ... Ah ça marche pas parce que c’est un livre, parce que c’est du théâtre... Les blogues, c’est pas pareil. C’est dangereux, la liberté, et on ne sait jamais qui se cache derrière un blogue. Tout le monde est fourré.

Ben voyons donc, pensez-vous que Suivi des coups de tête c’est ma vie ?

Autre fait divers croustillant, beaucoup de gens n’ont pas trouvé ça drôle que Simon Poulin soit un personnage, vu qu’il disait s’être fait violer par son père dans son enfance, que plus personne n’allait croire les gens qui se libèrent de leur abus sur leurs blogues. C’était plus drôle de croire que c’était vrai ? Belle gang de malades.

Dans le dernier billet que j’ai écrit à ce sujet je disais que sur le blogue de Simon on trouvait le pire et le meilleur au même endroit, que c’était une allégorie de l’humanité. Je corrigerais maintenant en disant que c’est une allégorie de notre société-spectacle avide de scoops et de coups de théâtre. Sur ce, si vous n’avez pas encore lu Papa me fourre, courrez-y avant que quelqu’un ne censure cet impausteur.

vendredi 28 novembre 2008

Un vilebrequin dans le ragoût, ça lui donnera du goût

Ceux qui me connaissent bien savent que je suis une grande fan de Thomas Fersen. Ceux qui me connaissent davantage savent également que je suis une groupie finie de Fred Fortin, enfin presque, je ne connais pas toutes ses chansons par coeur, comparativement à celles de Tomas Fersen. Parce qu’elles me vont droit au coeur, paradoxalement, les chansons de Fred, je les écoute moins souvent. L’association de Fred et Thomas sur l’album Trois petits tours n’allait pas de soi pour moi, d’ailleurs durant les 2-3 premières écoutes de l’album, je me suis demandé d’où venait cette musique étrange, oscillant constamment entre le totalement fucké et la fanfaronnade... À ce moment-là, je savais que Fred avait réalisé l’album, mais pas qu’il avait eu carte blanche pour les arrangements. Bref, quand je l’ai su, j’ai prononcé un gros «oh yeah» à l’intérieur de moi-même : il était déjà impératif que j’aille voir le nouveau spectacle de Fersen aux Folies Bergères, en extra j’allais aussi voir Fred jouer de la basse. Deux de mes idoles réunies, c’était inespéré et inattendu. J’allais bel et bien triper fort le soir du 27 novembre 2008.

Le show commence, Thomas Fersen arrive sur scène, fidèle à lui-même et à son style déjanté, vêtu d’une robe, d’un veston noir et d’un haut de forme à plume de coq ; fait une dizaine de chansons. C’est un peu trop relax à mon goût pour le moment, mais j’ai confiance que ça ne saurait durer : Fersen, c’est la version animée de Jack in the box. Soudain, un grand noir sur la scène, le noir comme je l’aime dans les salles de spectacle, le dimmer énergisant de la musique live, le gingembre mariné entre deux bouchées de poisson cru, le noir qui nous laisse nous rendre compte combien on apprécie, qui nous permet parfois de filer en douce, mais qui la plupart du temps, nous prépare mentalement à en prendre plein la gueule. Subitement, gros spot sur mon Fred qui a troqué sa basse pour une guit’, Fersen a disparu. Les accords me disent quelque chose, puis «Ma vie est une simple histoire, je suis tel sont mes parents. Ma mère vendait des bouteilles et mon père buvait tout le temps..


Le coeur m’a arrêté.

C’est dur d’expliquer l’effet que ça m’a fait : un mélange d’égarement, de mélancolie, de fierté, de merci-la-vie, et de crisse-que-ça-fitte-pas-mais-c’est-bon-pareil. C’était la première fois que j’entendais cette chanson-là en spectacle sans que personne du public ne la chante (sauf moi). Bizarre. Ça doit faire encore plus bizarre à Fred de chanter une toune qui a plus de 10 ans devant un public étranger à sa musique. Mais ils ont tendu l’oreille, les Français, et ont applaudi chaleureusement son talent. Je me suis dit que la formule allait être plus que gagnante lors de la tournée au Québec. N’empêche, malgré moi, je me suis senti comme une imposteure tout le reste du show. Mon amour pour le produit québécois est exponentiel depuis que je suis ici. Voir Fersen et Fortin sur la même scène, c’était comme être amoureuse de deux personnes à la fois et ne vouloir être infidèle ni à l’un, ni à l’autre. Un dilemme à la hauteur d’un exil que j’aimerai si fort, que je l’étranglerai.

lundi 24 novembre 2008

Emplois du temps

Je pense que j’ai trouvé la (ma) formule gagnante pour écrire : alterner les lieux. Si dans la vie en général je suis incapable de rester en place, logiquement, il faut que je bouge pour pouvoir garder un bon rythme d’écriture. Je pars un matin sur deux à Paris, je m’arrête dans un café et l’après-midi je vais à la bibliothèque publique d’information (la seule bibliothèque que je connais où il faut faire la queue... pour passer au détecteur de métal), celle de Beaubourg, qui me rappelle franchement la BNQ à Montréal (il y a des clôtures tout le tour), bien que son architecture soit un peu plus originale, disons. Étrangement, le principal avantage de cette bibliothèque, c’est qu’on ne peut pas emprunter les livres : ils sont toujours là quand j’en ai besoin. Le deuxième avantage, c’est que j’ai l’impression d’avoir des amis intellectuels, je me sens moins tu-seule de ma gang... ça fait un peu Soulier de Satin, à 9 heure, le 2 décembre, où 10 personnes se sont ramassés là, tout poqués, pour travailler, tout le monde est dans le jus, on boit du café en gang en regardant nos ordis, on se parle pas, mais maudit qu’on est ben pareil, Walid arrive et chiale sur le fait que le local étudiant est devenu un repère d’intellos branchés... c’est comme ça que je me sens à Beaubourg, moins le café. Évidemment, cette époque est révolue, du moins en ce qui me concerne. Maintenant, j’ai d’autres amis, en d’autres lieux, tous aussi bizarres les uns que les autres.

Il y a deux sortes de personnes qui viennent, comme moi, étudier à la Bpi : les statiques et les dynamiques. C’est quand même spécial que, peu importe la bibliothèque, tout le monde semble toujours aller s’asseoir à la même place... À ma table, il y a un gars qui semble souffrir d’une sorte de dystrophie musculaire et qui semble apprendre une langue étrangère. Il est cool, ben tranquille (même s’il arrête pas de bouger, c’est pas sa faute, mais vu qu’il est assis quand il bouge, je le classe dans la catégorie des statiques). Un de ses amis vient le rejoindre vers 15 heures, lui, il fait des maths et quand il est écoeuré, il lit le journal Métro en dessous de la table (comme si je le voyais pas, tsé !). Toujours assis au même coin, il y a un vieux monsieur qui a l’air vraiment grognon et qui traduit du Russe (j'espère que je ne lui ressemblerai pas à son âge...). Je suis franchement bien entourée, mais ce sont les personnes entrant dans la catégorie dynamique qui sont les plus divertissantes. Il y a d’abord Monsieur 20 centimes, un quêteux, très propre de sa personne et poli par-dessus le marché qui se tient près des machines à café et sur le balcon où vont tous les fumeurs « Excusez-moi mademoiselle, auriez-vous une pièce de 20 centimes, s’il vous plaît?» C’est tellement bien demandé que c’est dur de lui refuser. Il y aussi un bonhomme tout droit sorti des années 1970 qui se promène toujours en camisole avec son portable sous le bras. Il marche comme ça, dans la bibliothèque, et il change de place à peu près aux heures. Bizarre. Mais le cas dynamique le plus étrange, c’est sûrement la madame du troisième étage qui parle toute seule. Elle est toujours habillée en bleu (comme le vieux vicieux...) et elle ressemble à une sorcière, toute petite et toute maigre avec des cheveux grisonnants. Elle ne s’assoit jamais. Elle reste debout dans l’allée au troisième étage, faisant les 100 pas, s’arrêtant stratégiquement devant certaines tables, son sac en bandoulière et son manteau accroché dessus et elle regarde les gens, ses bras croisés sur sa poitrine; parfois elle pose la tête dans sa main. Elle ne fait rien, elle s’est perdue, je crois. Comme j’aime bien me raconter des histoires, je me dis que derrière ses allures de Moires se profile peut-être une muse.

samedi 22 novembre 2008

La fin du chapitre sans fin

J’ai passé une grosse semaine à travailler entre 7 et 10 heures par jour sur mon never ending chapitre théorique et méthodologique. Ça m’a rendue nostalgique des fins de session du bac (oui, ça se peut) où on carbure au café, même froid, sans jamais quitter l’écran de l’ordinateur (sauf pour aller aux toilettes... le café...). Je me sentais comme dans une espèce de bulle d’abstraction intellectuelle, mais jouissive, les neurones en perpétuelle ébullition, fière de voir que j’étais encore capable de réfléchir... Je suis tout de même très partagée entre la pertinence de mes recherches et leur totale inutilité... Au fond, l’important c’est peut-être juste de savoir que je suis capable de travailler, d’articuler une pensée qui, même si elle ne change pas le monde, sera au moins raisonnée. Si j’ai de la chance, elle sera aussi raisonnable. J’ai donc envoyé les 30 et quelques pages de mon chapitre sans fin hier soir à 19 h 12 par courriel à mes deux directrices. J’ai ensuite chanté à tue-tête un vieux tube de Michel Fugain tout en touillant la sauce à poutine, denrée rare au pays du foie gras et récompense tout indiquée pour célébrer ma victoire contre la hantise rédactionnelle.

lundi 17 novembre 2008

De la télé qui ne fonctionne pas et des conséquences surréalistes qui en émanent

Quand on est déménagé dans notre appart en avril dernier, on s’est abonné au réseau Freebox (il n’y a que les appels vers le Canada qui sont free là-dedans...) parce que ça fonctionnait bien là où on habitait, avec les colocs. Sauf que, je sais pas pourquoi (le sort s’acharne sur tout ce qui requiert du courant ici... c’est la campagne...), depuis trois semaines maintenant, la télé ne fonctionne pas. Freebox (tu parles d’un nom !), c’est la PIRE affaire technologique qui ne me soit jamais arrivée. Y’a toujours quelque chose qui fonctionne pas, quand c’est pas le téléphone (déjà qu’on nous a envoyé un gros taouin qui imitait mon accent pour faire un trou dans l’mur...), c’est internet, maintenant c’est la télé (et ça fait pas longtemps qu’on a du signal, genre trois mois...) Y’a (encore) un problème de signal, ou je sais pas quoi, un problème «moderne» qui me fait dire un gros tas d’insanités et me donne juste envie de garrocher avec violence le modem par la fenêtre. La télé-qui-fonctionne-pas m’a quand même donné un bon prétexte pour lire des romans comme dans le temps (pourtant, j’avais la télé dans le temps?!?), effouarée dans le sofa, des heures et des heures, toujours un autre chapitre avant d’aller se coucher... J’ai un peu oublié la télé depuis trois semaines, mais ce matin un appel téléphonique (ça marchait ce matin) a eu tôt fait de me rappeler son existence.

Depuis qu’on est ici, c’est une ou deux fois par semaine que je reçois un appel étrange de gens qui essayent de me vendre des affaires. Je les écoute parce qu’ils sont quand même gentils et vraiment convaincants. Y’a eu la madame qui voulait me vendre du poisson congelé par la poste (!) sans engagement (!!) qui m’a vraiment marquée, et aujourd’hui, un monsieur de Neuf Box SFR, le concurrent de Freebox, qui m’a totalement traumatisée.

- Bonjour, est-ce que je peux parler à Monsieur ou Madame Morier.
- (Comme je suis fière!) Ouiiiii ! c’est mouwaaaaaaa !
- Je m’appelle Abdel, je suis représentant chez Neuf box SFR et je vous appelle concernant votre réseau téléphone-télévision-internet...
- Ouiiiii ...
- Est-ce que vous avez des problèmes avec votre connexion, votre modem ?
- (Ayoye, y lit dans ma vie, lui... méfiante, je lui réponds) Quelques fois... mais habituellement ça passe (oh, le gros mensonge)... Mais j’ai une Freebox... vous c’est Neuf Box, non ?!?
- En effet, c’est-à-dire que... vous avez bien internet à la maison ?
- Ouiiii ?!
- Quelqu’un de chez vous a consulté notre site internet, c’est donc qu’il est intéressé par nos services. C’est la raison de mon appel.
- AH BON ?! (Je rêve ou Neuf Box SFR nous espionne? J’ai eu envie de lui demander s’il savait aussi ce que je mangeais pour souper parce que tantôt j’ai googlelé «ailes de poulet BBQ»...) C’est peut-être mon mari qui a consulté votre site... Voulez-vous rappeler à 7 ... 19 heures ?!
- Bien sûr ! Aurevoouàre Madame Morier!
- Salut Abdel...

Non mais, oussé qu’on s’en va...

lundi 10 novembre 2008

Someone's knocking at the door... Somebody's ringing a bell

Ça faisait longtemps que le mal du pays n’était pas venu frapper à ma porte.

«Coucou, c’est moi!» m’a-t-il fait ce matin alors que j’observais d’un oeil craintif, une poule et sa progéniture en train d’essayer de ne pas sombrer dans les profondeurs d’un trou de bouette géant. Je lui ai alors administré une taloche dont il se souviendra longtemps, mais, prêt à tout pour rendre mon existence insignifiante, il m’a ensuite poursuivi dans la maison de façon à ce que je tourne en rond sans avoir besoin de son aide, cela en me faisant constater combien je faisais dur avec ma veste de laine de l’entre-deux guerre, que je n’étais qu’une paresseuse, bonne à rien, stupide et laide et qu’en résultait assurément l’état des lieux déplorables, misérables, infects, ainsi que mon incapacité à mener à terme un chapitre que je travaille depuis maintenant plus de 6 mois. Essoufflée, je me suis posée enfin sur quelque chose de solide, c’est-à-dire mon cul, parce qu’il n’y avait plus rien d’autre de tangible aux alentours, et l’autre m'a relancé «Quessé que tu fais ici, veux-tu bien me dire?!?» Ostie de question conne. Je trouve jamais rien à répondre. Je le sais plus ce que je fais ici, je sais plus rien, mais je passe quand même la journée à chercher la réponse, qui ne vient pas.

Le néant. La musique dans le piton, danser, jogger, fumer, boire, même un best-seller en vient pas à bout (j’ai lu Les pilliers de la Terre, quasiment d’un trait, super bon comme best-seller, la traduction est bizarre des fois, l’histoire est tirée par les cheveux, mais la construction des cathédrales du Moyen-âge, c’est passionnant). C’est un cancer, ostie.

En plus, je m'auto-interdit d'en parler, parce que je trouve que j'ai l'air de me plaindre pour rien.

...

À part l’histoire de la poule, y’a rien de vrai dans tout ça. C’est dans ma tête. Ce qui me fait capoter c’est que dans ces moments-là, y’a plus rien que la valise qui compte, la valise et moi, dedans la valise (elle est assez grande...). J’ai envie de me faxer en novembre 2007 sur la rue Jeanne-d’Arc, mais je suis trop grosse, et personne n’a encore inventé le fax-à-revenir-dans-le-temps. Tout va pour le mieux ici pourtant. Je trouve ça poche de consacrer une journée entière à délirer sur le pourquoi et le comment de mon existence au lieu de faire ce que j’ai à faire et d’en profiter. Mais je suis pas capable.

C’est rien qu’une journée... C’est la même rengaine depuis le début, mais c’est ça. Ça passe. Tchek ça, demain je m'en souviendrai même plus.

Merci de me lire et de me donner des conseils, ça décoince, sans joke (mais vous devez me trouver obstinée et têtue en «tabernacle», et Gautier, je te promets d’essayer Ricardo à la FNAC, ça fera toujours ben quelque chose à conter...)

Le degré zéro de l'inspiration

J'essaie de trouver des choses à écrire, mais rien ne vient. Tous les gens de Bonnelles hibernent alors je ne les vois plus, et il fait un temps de canard. Vu que je ne suis pas un canard, je ne sors pas. Je passe la journée à regarder mes chats et à me poser des questions sans réponses, genre «pourquoi je vis? Pourquoi je ne suis pas un chat, je ne me poserais pas cette question-là...»

Avez-vous une demande spéciale? Peut-être que ça me dégourdirait les neurones...

jeudi 30 octobre 2008

Des nouvelles de l'accent de Marc-André Grondin II - un film francophone...

J'ai trouvé ça, mais c'est pas au sujet de Bouquet Final... En fait, Marc-André «cartonne» ici, c'est le cas de le dire, parce qu'il joue aussi un petit rôle dans un autre film (!!!), Le premier jour du reste de ma vie.

Je sais pas à quel moment cette entrevue a été réalisée, mais bon, pour la télé québécoise, il garde son accent.

Si le dossier vous intéresse... Le réalisateur explique que Marc-André lui était tombé dans l'oeil (j'espère que ça ne lui a pas trop fait mal), il le voulait dans son film et lui a demandé de perdre son accent: Marc-André a accepté... Le réalisation dira plus tard que son film est très «francophone» (parce qu'il y a aussi un Belge dans la distribution...) À chacun sa définition de «francophone»...

Marc-André Grondin cartonne à Paris !
Marc-André Grondin cartonne à Paris !

mardi 28 octobre 2008

Des nouvelles de l'accent de Marc-André Grondin

Saviez-vous que Marc-André Grondin avait obtenu un rôle dans un film français? Le film s’appelle Bouquet final, une comédie, et ça sort en salle ici le 5 novembre prochain. C’est pas un petit rôle qu’il a... il joue aux côtés de Didier Bourdon et Bérénice Béjo, deux comédiens assez populaires ici. Je l’ai su hier soir, quand j’ai écouté le Grand Journal de Canal +, sorte de talk show quotidien, assez intéressant quand même... un Tout le monde en parle un peu plus pop (il y a une chronique où on se moque des people, ils reçoivent les vedettes de séries américaines, etc. c’est un grand talk show disons). J’écoutais d’une oreille Le Grand Journal, tout en mangeant une sanewich au thon, quand j’ai entendu au milieu de trois ou quatre noms français celui de Marc-André Grondin. En premier, je me suis demandée si c’était le même, celui qui tenait le premier rôle dans C.R.A.Z.Y (apparemment ça a ben pogné en France aussi ce film-là... mais, évidemment, il était sous-titré en français (?!?)), mais la fille obsédée de langue française en moi s’est aussi dit «Tiens, on va voir comment il parle à ‘tivi...».

C’est dommage, il n’y ait pas de Youtube de l’entrevue... Ça a pris du temps avant qu’il commence à parler, il a attendu qu’on lui adresse les questions personnellement. Je pense qu'il était gêné. Mon Époux était avec moi (et savourait aussi son sandwich au thon) quand soudain, Marc-André Grondin ouvra la bouche et se mit à parler. Surpris, mon Époux s’exclama «Bah ! Il est pas Québécois lui... non ?» Effectivement, c’est à s’y méprendre. Moi qui habite ici depuis un bon bout, je ne pouvais même plus faire la différence entre la langue des Français et celle de Marc-André, qui a changé du tout au tout. Ouais... ma dernière bouchée de sanewich m’est restée dans le travers du gosier. Pendant une fraction de seconde, je me suis demandée si je ne m’étais pas trompée... il existait un autre Marc-André Grondin, et il était Français.

Il a flushé son accent québécois. Faut le faire, à ce point-là... Je connais mal les conditions de casting au cinéma. Évidemment, je me dis que Marc-André a été choisi pour la qualité de son jeu d’acteur (et aussi pour sa belle gueule!), mais il va sans dire que la condition sine qua non pour faire partie de la distribution était de prendre l’accent français, le temps du film du moins... (Marc-André, si tu me lis, explique-moi comment ça s’est passé). Curieuse, je suis allée voir sur le site de Bouquet final et dans un petit vidéo (sous l’onglet casting), une dame dit « Il avait pris un coach pour faire un film en France, et il perdait son accent jour après jour, c’était impressionnant...» Oui, en effet.

Je peux comprendre que pour faire un film en France, les comédiens Québécois doivent mettre leur accent de côté. C’est une des questions que je travaille dans mon mémoire : l’exotisme de la langue. L’accent nous situe en quelque sorte sur un territoire défini géographiquement, et il charrie avec lui toutes sorte d’idéologies relatives à ce territoire (bon, je ne rentrerai pas dans les détails ici, vous comprenez.) Ce serait un peu ce qui expliquerait que les comédiens québécois au théâtre parle un français qui n'existe nulle part, qu'on dit aussi français international, question que la pièce qui se passe en Russie au XIXe siècle n'ait pas l'air de se dérouler sur la rue Ste-Catherine à Montréal, au XXe siècle. Les références que l’accent québécois font à la culture québécoise n’ont pas lieu d’être dans Bouquet Final. Si on avait demandé à Marc-André de conserver son accent pour jouer un Parisien, le film n’aurait sans doute pas signifié de la même façon chez les spectateurs, qui sont d’abord et avant tout Français... (Là c'est une question de culture et d'ouverture et de perception... je pense que si on faisait jouer un rôle de Montréalais par un Parisien qui préserverait son accent, ça passerait quand même bien dans un film Québécois... Entoucas.)

Cela dit, Marc-André Grondin n’est pas le premier Québécois à jouer dans un film français (mais il est le premier à vraiment parler comme un Français!) Il y a eu Louise Portal dans Mes meilleurs copains qui jouait une rockeuse Québécoise qui rend visite en France à des amis Français qu’elle avait connu dans sa jeunesse. Il y a eu récemment Guillaume Cyr qui avait décroché un rôle de Québécois aussi dans Nos jours heureux, Stéphane Rousseau dans le dernier Astérix et (la grand façon à) Marie-Josée Croze (là je nommerai pas tous les films dans lesquels elle a joué en France...) qui apparemment a pris l’accent, (mais je l’aime pas alors je ne regarde pas ses films) comme Marc-André. Y'en a d'autres. Je trouve que c’est cool que les Québécois puissent être reconnus à l'étranger pour leur talent de comédien, mais c’est pas nécessaire de changer d’accent aussi drastiquement en entrevue à la télé française, il me semble... C’est juste un rôle. Ça m’a comme fait de la peine, on dirait. Et mon époux trouvait Marc-André un peu con de parler comme ça, à la française...

Marc-André joue un Parisien, voilà (il l'a ben en maudit). Je me demande quand même comment il fera maintenant, avec son accent français, pour jouer à nouveau un Québécois...

Il prendra un coach.

A suivre...

lundi 27 octobre 2008

Post-trauma

Ça y est, je suis redescendue sur terre. Ça fait du bien, je commençais à avoir le vertige : c’est fatiguant, flotter sur un nuage rose, les contes de fées et tout le tra la la. C’est fatiguant parce que c’est pas tout à fait réel... je veux dire, il faut se maintenir dans une position de béatitude épanouie et pour ce faire, il faut le créer, l’enrobage euphorique qui nous transporte, il n’existe pas tout seul : si j’avais pas mis trois couches de make-up, mes cernes auraient paru sur les photos, et ça, c’est pas beau beau. Heureusement que j’ai la bonne humeur facile, parce que plusieurs éléments se sont réunis dernièrement pour me mettre en crisse. Comme ont dit Karine et Nadia après la journée intense de décoration de la salle de réception : On a bien fait ça, personne s’est chicané !!! Une chance, oui... parce que j’aurais occis sans pitié les protagonistes d’une présumée querelle.

J’aurais voulu être moins stressée. À un moment donné j’ai comme perdu le Nord. En allant chercher Marilou et Éric à la gare, la veille dudit mariage, je me suis mise à brailler comme un veau et j’ai pas pu me retenir devant eux : Chus pu capaaaaaaaaaaaable ! C’était trop, j’avais hâte que ça finisse, enfin. Je m’en foutais de la cérémonie, d’être belle ou pas le lendemain, que la salle soit bien décorée. J’avais envie d’aller prendre un café en ville avec un bon livre et de magasiner autre chose que des assiettes en plastique et des nappes en papier. Je me disais que ça n’avait pas d’allure de faire autant de sparages juste pour un bout de papier qui allait nous permettre, à mon Époux et à moi, de pouvoir rester ensemble, dans le même pays, genre. J’aurais voulu être moins stressée parce que je me souviens beaucoup plus de la veille (qui a été pas mal chiante), que du jour de mon mariage (et non, ce n’est pas la boisson qui a causé un tel trou de mémoire : j’ai commencé à être soûle à trois heures du matin...). Peut-être que ça me reviendra avec le temps. J’ai le chic pour oublier les mauvais moments de mon existence.

Je ne regrette rien, évidemment. Avec du recul, je peux dire que j’ai apprécié chaque moment. Je voulais raconter le cours des événements, mais on dirait que j’ai pas envie de me remettre dedans pour le moment (!), je savoure la paix qui est de retour dans ma tête. Je vous sers quand même un petit top 10 des faits les plus intéressants. C’est plus original et moins roman-fleuve.

1. Détail saugrenu, mais important, un mariage, ça coûte cher, même si tu veux faire ça simple : malgré tout, on est rentré dans notre argent. Alleluia.
2. Un de nos invité s’est amené avec un appareil Polaroid à notre mariage, ce qui fait que j’ai des polaroids de mon mariage ! Yeah !
3. La cornemuse, dans les rues de Bonnelles, ça résonne en ta... J’avais le frisson.
4. On voulait de la musique irlandaise pendant le vin d’honneur, mais c’était trop cher d’engager un orchestre. Le joueur de cornemuse nous a fait la surprise, il a invité deux de ses amis qui jouent de la flûte et de l’accordéon. C’était magique, merci.
5. J’ai découvert que je jiggais mieux en talon haut. En running shoes, je suis pas capable.
6. Au souper : après l’entrée, les maîtres d’hôtels nous ont apporté le plat principal (magret de canard, c’était délicieux) et mon père a dit «Quessé ça ?!?» Je lui ai répondu «du magret de canard» et il a dit « Nenon, mais je pensais que ce qu’on venait de manger c’était le plat principal...» Vive la France, pays de la bouffe.
7. C’est Karine Dufour qui a attrapé le bouquet (qui était vraiment lourd, j’avais peur d’assommer quelqu’un en le lançant) et Simon Lemire qui a eu la jaretelle. Deux Québécois... ma gang de vous autres...
8. Allez voir le vidéo d’une des cartes de souhaits qu’on a reçue.
9. J’ai eu un enterrement de vie de fille À-la-Française, (en plus de mon séjour à Londres À-la-Québécoise). Ils m’ont déguisée en guedaille (j’aurai les photos sous peu). Dans le RER en direction de Paris, j’ai dû demander à des inconnus du genre masculin de m’écrire une dernière déclaration d’amour sur un rouleau de papier de toilette (notez qu’en France, la plupart du papier de toilette est rose, trop kitsch !) On est descendue près de l’Arc-de-Triomphe, et y’a du monde (des touristes russes surtout ?!?) qui voulaient se prendre en photo avec moi !!! Je suis vraiment une star. Ensuite, on est allé dans un hammam pour passer le reste de l’après-midi. J’ai eu droit à un gommage, et privilège de la future mariée, à un massage indien. C’était vraiment une belle journée.
10. On est allé faire nos dernières commissions avant le mariage au Shopi à Bonnelles et le caissier, en m’entendant parler sûrement, me dit : «C’est vous qui avez écrit le billet sur Mamie Nova ?» ... J’ai enfin pu mettre une face sur mon lectorat Bonnellois.

mardi 21 octobre 2008

Maintenant, on peut se faire imprimer des t-shirt avec écrit dessus: we survived our wedding






J’ai mal dans toutes les parties du corps, et je suis convaincue que c’est parce que j’ai jiggé en
talons hauts (la première et la dernière fois que je me mets ça aux pieds, garanti!)

Je sais comme pas trop par quoi commencer, ce fut une semaine intense, riche en rebondissements et en émotions nouvelles. J’arrête pas de repasser le film de notre mariage dans ma tête (j’étais tellement nerveuse avant d’aller à la mairie, j’ai essayé de boire de l’eau pour me détendre et je shakais tellement qu’elle m’a coulée dans le décolleté, bien sûr, ça a mouillé ma robe et j’ai dû la sécher au séchoir à cheveux 5 minutes avant de partir. Mémorable!) Je suis arrivée accompagnée de Karine, ma soeur, ma mère et mon père à midi et tous les Français étaient dehors en train de parler, comme d’habitude! Mon père est allé les faire entrer, ça a pris 10 minutes, les 10 plus longues minutes de ma vie, cachée derrière un buisson, je pensais que j’allais m’évanouir-là. Ensuite, je suis entrée dans la mairie, et là j’ai vu Chéri faire une face qu’il n’avait jamais fait depuis deux ans que je le connais, tout le monde s’est mis à applaudir et à crier, c’était complètement fou comme moment!!! Évidemment, je me suis mise à brailler tellement j’étais heureuse d’être contente. Après je me souviens plus trop, le maire (il s’appelle Guy Poupart! Un genre de bon vivant, vraiment cool le maire) est arrivé et il a parlé de pleins d’affaires. On a dit «oui» et on s’est frenché passionnément, juste en dessous du portrait tout sourire de Nicolas Sarkozy. On est sortis de la mairie, une soixantaine de personnes nous ont garoché du riz (ça fait pas vraiment du bien dans la face, les grains de riz, j’en avais plein dans le décolleté et j’avais mis des bandes collantes pour me coller la robe au corps : eh oui, plein de grains de riz collés entre les deux boules...) et Damien a joué un air de... cornemuse!!!! Malade. J’ai hâte de vous montrer des vidéos. Maintenant, j’ai une alliance à l’annulaire de la main gauche et ça me surprend à chaque fois que je la vois, je suis pas habituée, je ne porte jamais de bagues et j’arrête pas de jouer avec. C’est cool.

Mes amis Québécois sont tous repartis, nous nous sommes levés à 5h ce matin pour aller reconduire Simon et Sarah qui retournaient en Espagne pour le reste de leur Route de Compostelle (ils m’ont fait la surprise, ils m’avaient écrit pour me dire qu’ils ne pourraient pas venir et finalement, ils sont arrivés sur un coup de tête samedi matin à 10h30. La plus belle surprise de ma vie!) Reste ma famille qui loge à Paris, mais c’est pas pareil : les amis me manquent toujours plus... Nous sommes seuls à la maison, le soleil est pas levé encore... c’est tranquille, tranquille. Y mouille. Tantôt, dans la voiture, je disais à Mon Époux « c’est la vie normale qui va recommencer...» mais en même temps je pensais que depuis qu’on s’est rencontré, tous les événements de nos vies sortent de l’ordinaire... Soit j’ai une bonne étoile, soit ma devise est Sky is the limit, et je ne m’en doutais pas jusqu’à tout récemment. Des fois, je me dis que je suis complètement folle d’avoir déménagé en France et de m’être mariée la même année (le tout en écrivant mon mémoire, ne l’oublions pas celui-là...), mais c’est bon de le vivre malgré tout, et je souhaite l’état d’esprit dans lequel je me trouve à tout le monde. Ah ! et merci à tous ceux qui ont mis leur chapelet sur la corde à linge, il a fait beau et chaud du vendredi au lundi et c’est franchement incroyable en cette saison en Ile-de-France.

(J’ai plein de choses à raconter, je le ferai spasmodiquement durant les prochains jours. Parmi les bonnes nouvelles de la semaine passée : Ta Mère publiera ma mini-nouvelle dans son Livre noir. Oh yeah!)

mercredi 8 octobre 2008

Réveil-matin

Quand la radio sonne le matin, c’est toujours et encore la voix de René Homier-Roy, son accent québécois et sa voix nasillarde, que j'entends. Ce qui est troublant, c’est que ce n’est PAS René Homier-Roy qui parle... Ça me surprend à chaque matin. Bizarre, mon cerveau, non?

(C'est vraiment le plus petit billet que je n'ai jamais écrit.)

dimanche 5 octobre 2008

Quelque chose de vrai

Je fais rarement quelque chose de grandiose le dimanche. Ce matin, je me suis levée, il faisait pas beau, mais ça me dérangeait pas. Les chats m’ont suivie dans la cuisine (en fait ils attendent que je me réveille pour que je leur ouvre la porte, il n’en ont rien à faire de moi !) Je me suis fait un expresso sur le feu. J’ai fait de la pâte à crêpe. J’ai fait des crêpes en lisant La peau des doigts de Katia Belkhodja. (Y’a un des personnages qui fait des crêpes dans son livre, mais ça n’a rien à voir avec moi, en fait, le fait de faire des crêpes m’a fait penser que je pourrais lire en même temps, et que ce serait cool de lire debout, devant mon four, entre deux flips de crêpe.) C’est la vraie vie pour moi : boire un café et faire des crêpes en lisant au bord de la fenêtre par un dimanche matin d’automne, en pantoufle et robe de chambre. Quel bonheur. J’avais commandé le livre de Katia à la librairie du Québec le jour où j’ai vu Stéphane Vachon au Jardin du Luxembourg, c’est-à-dire le 18 juin dernier. Je suis allée le chercher mardi passé... presque 4 mois d’attente... mais ça valait la peine.

Je ne lis plus vraiment d’histoires depuis que je fais ma maîtrise. Comme si j’en avais pas assez à lire comme ça... Si je lis un roman, il faut que ce soit bon (très bon) et relativement rapide. Je suis de plus en plus difficile dans mes lectures, comme si je manquais de temps pour tout lire... je ne veux pas le gaspiller en lisant quelque chose que je n’aime pas. Et, ces temps-ci, je suis incapable de me plonger dans une histoire complexe, dans le sens TROP complexe. J’ai envie de lire et de comprendre tout de suite, pas d’ouvrir le dictionnaire aux deux mots ou de chercher une référence mythologique quelconque sur Wikipedia pour comprendre le troisième niveau de lecture caché dans le deuxième... je me casse assez la tête comme ça pour mon mémoire, pas besoin d’en rajouter quand je prends du temps pour lire. Et «comprendre tout de suite», ça veut pas nécessairement dire que l’écriture ou l’histoire est simple... ça veut juste dire que les mots nous parlent, sentimentalement, ils sont signifiants une fois assemblés, qu’à l’intérieur de nous, on a toutes les clés pour comprendre, ou que le livre nous donne les moyens de les fabriquer, en lisant. Si je comprends tout de suite, ça veut dire pour moi que je lis quelque chose de véritablement humain. C’est peut-être pour ça aussi que j’aime lire les blogues et les recettes de cuisine : les regards personnels sur le monde et l’art culinaire sont fondamentalement humain. J’aime la littérature qui vient du coeur, pour moi, ce qui est viscéral est vrai, même le mensonge.


Une fois, quand j’étais célibataire, je suis tombée en amour avec un gars qui avait déjà une blonde... bon, j’en ai pas fait une maladie, lui non plus, il ne m’aimait pas d’amour et je n’ai rien tenté, respectueusement. Je l’appréciais beaucoup et je lui démontrais une sorte d’affection amicale, celle qu’on entretient avec les gens qu’on aime, sans les connaître vraiment. On a jasé une couple de fois d’art, de littérature et de la vie en général. C’était fort sympathique, et quand on parlait, j’avais toujours le sentiment qu’il voyait clair en moi. Y’a des gens comme ça, on a l’impression de les rencontrer juste pour qu’ils puissent nous dire la vérité à notre sujet. Il s’est passé une chose entre nous : on s’est échangé chacun un livre. Je lui avais donné, pour Noël ou pour sa fête, je ne m’en souviens plus, La Découverte du Ciel de Harry Mulisch, un espèce de livre monstrueux de 1500 pages et plus, sorte de saga familiale à saveur biblique et qui, me semble-t-il, donnait quelques explications au mystère humain. C’était le livre que je préférais d’entre tous à ce moment-là dans ma vie. «C’est bon», qu’il m’avait dit après l’avoir lu, «mais ça manque de vérité, d’émotions...ça manque d’humanité». Ah bon?!? Il m’avait tendu en retour le livre de William Boyd, À livre ouvert, une autobiographie fictive, en me disant «Ça, c’est vrai»... Il venait de m’offrir un des meilleurs livres que j’ai lu de ma vie... Je pense qu’à partir de ce jour-là, je n’ai plus jamais lu de la même façon.

La peau des doigts, ça m’a rappelé cet échange de livre incongru. Je sais pas pourquoi... sûrement parce qu’il y a des livres qu’on lit comme ça, juste au bon moment dans notre vie, et que celui de Katia goûte, un peu comme celui de William Boyd, quelque chose de vrai.

mercredi 1 octobre 2008

Rachel - 1, Boulogne-Billancourt - 0

Aujourd’hui est un grand jour dans l’histoire de ma vie réelle de Française : Je suis sortie de mon département, tu-seule, à bord de la Rachel mobile.

Tout a commencé le jour où, sur les conseils de mon amie Karine, je me suis dit : il faut que j’aille acheter du tulle pour fixer au plafond de la salle de réception de mon mariage. Ça va être beau. Or, du tulle, dans mon coin, y’en a pas. J’avais pensé décorer avec des bottes de foin et des gerbes de blés, pour rester dans la thématique «farmer» mais (toujours sous les sages conseils de mon amie Karine, qui m’a fait connaître son opinion sur mes champêtreries en gardant une seconde de silence, puis en me lançant un «NOOOON !» catégorique à l’autre bout du fil) finalement, j’ai changé d’idée. Maintenant que le mariage frappe à ma porte, le moment était opportun pour aller acheter le fameux tulle en question. Mon traiteur m’avait dit qu’il y avait un magasin, à Boulogne-Billancourt, qui s’appelait Toto solde (pouhahaha !!) et qui vendait toutes les couleurs de tulles inimaginables. Ok...(Boulogne-Billancourt + banlieue parisienne + routes méconnues de Chéri (et donc de moi en l’occurrence) + tu-seule + char = Mourir.)

Plusieurs choix se sont offerts à moi:
1. J’appelais Mon chat ou la Fée Marraine pour qu’un des deux vienne avec moi. Le problème, c’est que j’ai pas toujours envie d’être avec eux pour faire mes affaires. Ils sont supers gentils, mais c’est comme ça, j’ai pas envie.
2. Je demandais à Mon chat ou à la Fée Marraine qu’ils me prêtent leur GPS. L’affaire, c’est qu’ils m’auraient sûrement proposé de m’amener, et ça aurait eu l'air bête de dire non.
3. Je demandais à un des voisins de venir avec moi, mais il n’y avait personne à côté aujourd’hui.
4. Fuck off, j’y vas pas. Je vais le commander sur Internet...
5. Je vais y aller en fin de semaine avec Chéri, mais on n'a crissement pas le temps.
6. Je vais y aller maintenant, tu-seule, sans GPS, et je vais mourir.

J’ai choisi la dernière solution, qui m’a franchement réussi, parce que je ne suis pas morte.
Ça a l’air con, mais y’a trois mois, j’aurais jamais pris ce risque, (qui n’en est pas vraiment un) parce que je n’avais pas confiance en moi. C’est pas évident conduire ici. À cause des ronds-points, on a toujours l’impression de revenir sur nos pas, les noms de rues ne sont pas toujours bien indiqués, les gens ne conduisent pas de la même manière qu’au Québec, bref, il faut conduire à tâtons. Je ne pensais pas avoir les moyens de prendre mon char et d’aller dans un endroit totalement inconnu sans copilote. Évidemment, je sais bien que ce genre de peur-là n’est pas justifiée. C’est pas ça l’important. L’important, c’est de passer par-dessus un jour, même si ça prend du temps (c’est kitsh, hein? Mais c’est vrai). Quand je suis partie en char tout à l’heure, je shakais et j’avais des palpitations... jusqu’à ce que je me trompe de chemin. J’avais pas le choix, je me suis arrêtée pour regarder ma carte, j’ai fait demi-tour, j’ai trouvé le bon chemin, j’ai trouvé un stationnement à Boulogne-Billancourt, j’ai demandé mon chemin (parce que j’avais tourné pas mal pour trouver le stationnement), je suis rentrée dans le magasin, j’ai acheté du tulle, je suis repartie. J’ai ensuite niaisé vingt minutes en char dans Boulogne-Billancourt (partir c’est toujours plus compliqué que de venir à cause des sens interdits... je me suis arrêtée deux fois pour regarder mes cartes). Je suis revenue chez nous, saine et sauve, avec du tulle en plus.

Je crois que je viens de franchir une étape dans ma thérapie d’adaptation à ma vie de Française.

*****

...j’arrête pas d’écrire mon blogue là !!! C’est juste que je serai moins assidue en raison, et de mon mariage, et de mon mémoire. Merci à tous ceux qui ont témoigné de l’intérêt pour mes anecdotes. Ça fait chaud au coeur.

samedi 27 septembre 2008

Dark side of the blog

Chers amis lecteurs, ce n’est pas la fin, je me sens tout simplement l’âme au bilan.

J’ai atteint le stade critique où le nombre de mots contenu dans ce blogue dépasse celui de mon mémoire... ce qui n’est pas très sérieux (pour le moment du moins). Cela m’aura au moins appris une chose : j’aime écrire. J’ai mis des heures pour écrire et réviser certains billets, dont je suis, sans prétention, assez fière, même s’il ne s’agit que d’anecdotes rurales et banales. Je crois que j’ai besoin de rendre ma vie extraordinaire et trépidante à mes yeux en la réécrivant, et en la partageant surtout. J’en ai besoin, parce que je suis éloignée de tout ce que je connais. J’ai l’impression qu’en écrivant (et en riant beaucoup de) ma petite vie, même si c’est n’importe quoi, j’arrive à mieux la comprendre et l’apprivoiser.

Mais c’est à la fois stimulant et déprimant.

Parce que je suis un peu (pas mal) accroc à Internet depuis que je suis arrivée ici, et ça commence à devenir un vrai bouffe-temps. Tenir un blogue ne m’a pas nécessairement aidé dans ce cas-ci. De façon générale, j’ai de la difficulté à me débrancher, comme si j’avais peur de manquer quelque chose ou de manquer à quelqu’un, comme si Internet était tout ce qui me restait pour faire la part des choses et rassembler mon monde... c’est pas tout à fait vrai... c’est mon imagination qui comble les vides et qui fait tout le travail en fin de compte : je suis juste assise devant l’écran de mon existence, et je me sens de moins en moins bien dans cette position. J’ai le sentiment de vivre deux moitiés de vies qui ont du mal à s’accorder : ma vie de Montréal, parce que je garde contact avec tout le monde, mais que je n’y suis pas, et ma vie de Française que je ne vis pas à fond à cause de ma vie fictive à Montréal. Étrange tout ça... Je crois bien avoir trouvé la source de ce mal du pays qui me ronge encore, mais plus de la même façon. Dans ces conditions, c’est dur de trouver un équilibre, quel qu’il soit. Je me sens pognée dans une cage virtuelle. Cette semaine, je me suis rendue compte que ça faisait huit mois que je n’avais pas mis les pieds au théâtre alors que j’y allais parfois 3 ou 4 fois par semaine... et en plus je donne des raisons bidons quand on veut savoir pourquoi je n’y vais pas.

Changer de raison de vivre, ça me fait peur, plus que de changer de pays.

Étant donné mon planning surchargé des prochaines semaines, je me dis que c’est certainement le bon moment pour enfiler les bottes de la réalité et sauter à pied joints dans la bouette du plancher des vaches. J’ai envie de redevenir la personne que je connais bien, la même qui a décidé un jour qu’elle irait vivre en France, celle qui connaît par coeur la programmation de tous les théâtres de la ville, celle qui a envie d’écrire un mémoire.

jeudi 25 septembre 2008

Tag!

Un gars pressé m’a donné la tag, ça tombe bien, j’ai pas grand chose d’intéressant à raconter ces temps-ci, à part que je capote, que je suis allée voir 5 fois dans ma boîte aux lettres hier et que j’y ai trouvé mon certificat de naissance vers 15h30. Quel soulagement de savoir qu’on est bien né!

1-Que retrouve-t-on dans votre IPOD ?
Disons ce que j’écoute le plus... le dernier album de Fersen, celui des Dales, celui de Karkwa, Artist of the year, The Ting Tings, El motor, The Beatles, Misteur Valaire, Moussu T, Nina Simone, Patrick Watson, les grands succès de Michel Fugain (pour ne jamais oublier de faire comme l’oisoooooooooo et de chanter la vie comme s'il fallait mourir demain !) J’aimerais mettre dans mon ipod un nouvel album de Fred Fortin, mais je ne peux pas parce qu’il n’existe pas encore (à moins que je sois ben en retard dans les nouvelles. Dites-le moi si ça sort un jour !)

2-Quel est votre livre de chevet ces jours-ci ?
Le brouillon de mon mémoire et Un long week-end à Londres, j’y vais le 10 octobre pour mon bachelorette party !

3-Votre dernière visite au musée remonte à quand et où ?
C’était l’exposition de photos d’Édouard Boubat à la Maison Européenne de la Photographie à la fin du mois de mars 2008. Je ne suis pas très musée.

4-Quel film allez-vous revoir toute votre vie ?
The Abyss, je me tanne pas... quelle histoire quand même, hein, j’aurais aimé ça que ça m’arrive.

5-J’aurais voulu être un artiste… lequel ?
Robert Lepage

6-Avez-vous un talent insoupçonné des lecteurs ?
Je fais de la crisse de bonne sauce à spag.

7-Que proposez-vous pour rassurer le milieu culturel face aux récentes coupures dans les programmes ?
Je dis comme Gautier (t’as ben raison) et j’ajoute pour ceux que ça concerne : allez donc voter au lieu de vous penser hot de pas y aller.

8-Avez-vous un talent artistique caché ?
Pour le moment, il est encore bien caché... je pense que je fais de la photo pas pire.

9-Quel est le spectacle le plus marquant de votre vie ?
Celui de Paul McCartney à Québec cet été. Des fois je me demande si c’est le show, l’attente pour le show ou le fait que je pensais vraiment pas être au Québec pour voir ça qui m’a le plus marqué.

10-Vous allumez la télé pour regarder quoi ?
Criminal Minds et Doctor House.

11-Quel est votre superhéros favori ?
Gregory House, il sauve des vies juste parce qu’il est intelligent, c’est pas rien.

Je passe la tag à Stéphane et Éric !

mardi 23 septembre 2008

Never Ending Wedding

Aujourd’hui, je comprends mieux l’expression qui stipule qu’on ne se marie qu’une fois dans sa vie. Qu’importe les événements qui constitueront le fil de mon existence jusqu’à ma mort, je ne me marierai pas deux fois (prétendants anonymes, cessez d’espérer!) C’est rassurant...

Chéri et moi courons depuis un an maintenant le marathon du Mariage... oui, car le Mariage commence d’abord le jour où on l’annonce aux personnes de son entourage, et constitue, à partir de cet instant fatidique, le principal sujet de conversation. Amis et parents (surtout parents...), chacun d’eux a sa propre vision du déroulement de l’événement et tous tiennent à placer gentiment leur grain de sel dans notre château de cartes. Nous sommes constamment en quête d’un parfait équilibre qui pourra plaire à tous, ainsi qu’à nous-mêmes. Il faut lâcher prise... vous voulez rire?!? C’est impossible, car le Mariage vous talonne. Il devient votre animal domestique. Vous le promenez partout, il faut le chouchouter : en public, tout le monde s’y intéresse. Il se couche au pied de votre lit. La nuit, il vous empêche de dormir...

Le Mariage a aussi la réputation d’être une des plus belle journée de notre vie et se doit donc d’être inscrit dans les annales comme un moment inoubliable, et ce, non seulement pour les mariés, mais aussi pour les 80 invités au Mariage, ce qui implique que les futurs mariés, directeurs, coordonnateurs et gestionnaires du projet, vivent sous le joug d’une pression monstre. Dans un château ou dans une ferme? Complet noir ou gris? Salade de riz ou de pâtes? Faisan ou magret de canard? Quel thème pour la pièce montée? Y aura-t-il assez de boisson? Si on passe Sex bomb de Tom Jones durant le party, est-ce que ça le fait? ... et combien ça coûte finalement?!? ...!!! F***! ... Ceci sans compter les multiples visites et rendez-vous dans les diverses Maisons des Fous, les formulaires à remplir, à signer et à viser. Gamache, Morier ou Gamache-Morier pour la postérité? Recevrai-je mon certificat de naissance à temps? (il y présentement (en plus d’une grève de RER) une grève de la poste... si je ne dépose pas mon dossier complet à la Mairie au moins 12 jours avant la cérémonie... ils ne pourront pas nous marier. Je ne suis pas stressée, noooon, pas pantoute...)

En effet, je n’oublierai jamais les 300 et quelques jours de notre Mariage. Un mois avant le jour J, le marathon tire à sa fin. On a maigrit pas mal (ma robe est lousse, alors je me bourre de fromage) et on commence à avoir des crampes aux mollets. On croit bien l’emporter et passer le fil d’arrivée haut la main le 18 octobre, même si certains soirs, en entendant ronfler notre Mariage dans son panier, on se dit tout bas, pour ne pas le réveiller, qu’on a hâte au 19 ...

samedi 20 septembre 2008

Parler mal et fort - Des nouvelles de mon accent II

«C'est la première fois que je lis (et relis) quelque chose d'aussi argumenté et qui fleure aussi mauvais la réalité sur ce que vit un Québécois en France.»

J’ai hésité longtemps avant de publier le dernier billet. J’avais peur qu’il ne s’en dégage un peu trop d’amertume et ce n’était pas un coup de poing que j’avais envie de livrer comme message. Je me disais : ouain, je vais peut-être avoir l’air pas gentille si j’écris ce que je pense... j’ai essayé de le faire avec le plus de tact possible. J’avais aussi l’intention de l’écrire en deux temps (sans savoir exactement ce que j’allais écrire au deuxième temps...), ce que je vais m’appliquer à faire dès maintenant, puisque la petite phrase en exergue m’a inspirée (et j’en remercie l’auteur). La réalité linguistique des Québécois en France, au Québec et ailleurs m’intéresse depuis longtemps. J’y suis donc extrêmement sensible et je remarque tout... sans toutefois entretenir de haine envers les Français et leur comportement face à la langue des Québécois. Je ne me sens pas persécutée et je ne pense pas qu’en maudissant les Français je me sentirai mieux dans ma langue. Les divers traumatismes linguistiques vécus pendant mon séjour en France n’ont pas fait de moi une personne aigrie (du moins, si je l’étais, je ne le suis plus) et je n’ai pas de raison de le devenir : je me marie avec un Français, hein, quand même! Et j’ai bien l’intention de vivre avec nos accents pour le meilleur et pour le pire.

Cela dit, une fois qu'on s'habitue à faire un peu plus attention en parlant, ça va. Ça n'a rien de tragique, c'est juste anormal de devoir prendre cette habitude alors que je parle français (un français métissé est-il pour autant incompréhensible?). Et c'est sournois aussi. Au-delà des imitations et des commentaires de mauvais goût, chaque fois que je parle, je me dis « bon, il ne faut pas que je parle mal» alors que c’est la seule langue que je connaisse et que je puisse utiliser pour exprimer mes sentiments, ma réalité... et pour communiquer avec les autres francophones. Les Québécois se disaient la même chose au début du XXe siècle à Montréal, mais à ce moment-là, c'était non seulement face aux Français, mais aussi face aux Anglais (un des moment dans l’histoire du Québec où le français a changé le plus). Et on m’a rappelé, dans les commentaires du premier billet sur le sujet, que c'était le cas même à l'Université, au département des littératures de langue française en 2008, et pas juste en France. On se dit la même affaire depuis longtemps : je parle mal, et dans toutes les langues. Alors, quelle langue pour les Québécois? Comment faut-il parler pour sortir enfin du cercle de l’accent vicieux?

«Je parle mal». Rien pour conforter mon ego, ni pour me rendre crédible aux yeux des autres : bafouiller, s’enfarger dans les mots, bégayer en parlant finalement un français sans couleur et qui n’existe pas, ça ne met personne à l’aise. J’ai dû trouver une solution «coup de tête» pour me sortir de l’enfer du langage qui commençait sérieusement à m’empoisonner l’existence (ce n’était pas une bonne idée de faire semblant que j’étais muette.) Comme je suis incapable de prendre l’accent français, j’ai décidé de faire le contraire. Advienne que pourra, j'allais «parler mal», mais surtout parler FORT! Cela impliquait qu’à chaque fois que j’ouvrirais la bouche les «Mais, vous êtes Canadieeeeeeeeennne!» allaient retentir de plus belle dans le ciel de l’Ile-de-France, que j’allais devoir expliquer à tout un chacun que je n’avais jamais vu de caribous de ma vie, ni jamais eu de mésaventures avec des ours (je sais pas pourquoi, les ours sont ben à la mode par les temps qui courent en France, plus que les caribous), que je ne connaissais pas Céline personnellement («...mais j’vais quand même lui passer l’bonjour de votre part!») et qu’on allait répéter après moi, ce qui n’est pas tout à fait ma définition du dialogue intelligent.

Le meilleur endroit pour parler mal et fort, c’est dans le RER ou dans le métro, parce que la plupart des gens sont seuls et n’ont rien d’autre à faire que d’écouter les autres. Certains d’entre eux me regardent et m’écoutent attentivement, les yeux sortis de leurs orbites et les narines dilatées, pour ne rien manquer de ma conversation avec Chéri, avec qui je ne fais aucun effort de diction (ils ont l’air parfois de se mordre les lèvres pour ne pas me demander si je suis bel et bien Canadienne, c’est quand même assez fascinant.) J’ai l’air bizarre, mais au moins, personne ne m’interrompt, tout le monde écoute, et à mon avis, ils doivent se rendre compte qu’ils comprennent plus le Québécois qu’ils ne le pensent. Je me dis qu’il se peut que la prochaine fois qu’ils écouteront une émission québécoise ou un artiste québécois à la télé française, ils feront peut-être un peu moins attention aux sous-titres, vu qu’ils ont compris une Québécoise live dans les transports en commun. Le deuxième meilleur endroit pour parler mal et fort, c’est dans les cafés. Quoi de mieux que d’afficher sa Québec-attitude au sein d’une gang de Français. Encore une fois, les têtes se retournent et les regards fusent... Et soudain «Mais, vous êtes Canadieeeennnne!» Vu que j’ai des amis Français qui ont survécu à l’accent québécois, étrange, on ne m’imite pas... ou bien vite fait, pour ne pas avoir l’air trop abruti.

Le but de cette entreprise? Me défolkloriser. Ça marche.

Je suis actuellement à la recherche du troisième meilleur endroit pour parler mal et fort et qui, j’espère, saura me guérir de ma surconscience linguistique. C’est peut-être ici qu’il se trouve, en fin de compte... le seul endroit où je peux écrire un peu comme je parle...

jeudi 18 septembre 2008

Des nouvelles de mon accent

«Alors Rachel, toujours pas perdu ton accent?» me lance un de mes amis Français, tout frais revenu du Québec. «Naon, toujouwh pâs!».

Il faut dire que je ne venais pas ici dans l’idée de perdre mon accent. J’ai bien pris quelques intonations «à la française» (ce qui amuse follement certains Québécois qui, comme les Français, se mettent à répéter après moi... Alleluia). Chéri a lui aussi adopté quelques expressions québécoises, rien de plus normal. C’est dur, perdre un accent, quand on sait qu’on pense avec cet accent (dans ma tête, je parle québécois, je lis en québécois, je rêve en québécois... pas en gros joual là, juste en québécois normal). Alors, pour ceux que ça inquiète, rassurez-vous, mon accent ne s’est pas perdu, et croyez-moi, il est bien présent, surtout quand je suis soûle (c’est comme l’anglais, ça vient tout seul avec un verre dans l’nez!). Sans avoir nécessairement «préserver» mon accent de l’envahisseur Français, disons qu’il n’est juste pas parti comme ça, tout seul. Les Français qui m’entourent se sont habitués à mon accent et moi je me suis habituée au leur (le jargon français est pas mieux que le Québécois, en passant, je comprenais rien au début et je ne pouvais pas rester concentrée sur ce qu’ils racontaient). Je reconnais aussi la face qu’ils font quand ils ne comprennent rien de ce que je dis, alors je répète avec d’autres mots (les Québécois, éternels traducteurs). Depuis que j’ai signifié que ça faisait 8 mois que j’habitais ici et que j’étais écoeurée de me faire imiter à tout bout de champs, y’en a plus de problème. Youpidoo!

Non, pas tout à fait. Préserver, ne pas perdre, garder fièrement son accent québécois (oui, il faut préciser : je ne pense pas que le problème soit le même pour un Marseillais voyez-vous...) signifie ne jamais se faire comprendre dans la vie courante. Par exemple, l’autre jour, j’étais pognée en char en plein milieu d’un carrefour lorsque le feu a passé au vert pour les automobilistes qui venaient dans l’autre sens. En France, quand ce genre d’incident arrive, les gens te foncent dedans (au lieu d’attendre 2 secondes que tu puisses avancer) et t’envoient chier, il faut vivre avec. Un motocycliste me fait signe de ne pas avancer (donc de rester en plein milieu du chemin, ce qui est absurde) et je lui lance par ma fenêtre ouverte un «Ben oussé veux-tu que j’aille câlisse!» qui n’a pas eu tout à fait l’effet escompté, parce que personne n'a compris ce que je venais de dire : dans ce genre de situation, je parlerai toujours une langue étrangère. La spontanéité, on oublie ça: je ne suis pas capable d’envoyer promener quelqu’un en français de France, même si j’adopte toute les intonations.

Pour faire la conversation aux gens que je ne connais pas avec mon accent, il faut accepter (je l’ai fait) de rester toujours une étrangère dans un pays qui ne semble pas vouloir devenir le mien («Vous êtes Canadienne!» C’est immanquable, mais c’est pas grave... les gens sont la plupart du temps ravis de pouvoir parler avec une Canadienne) et faire attention aux mots que j'utilise. Les gens que je ne connais pas, mais à qui je parle plus souvent, ma propriétaire ou le tabagiste, me font la remarque (désobligeante) suivante : «Votre français semble s’améliorer...» Mon français n’était pas plus ou moins moche avant, il était différent, et maintenant, il ressemble un peu plus au vôtre. J’ai souvent envie de dire qu’il y a des milliers de personnes de l’autre côté de l’Atlantique qui parlent comme moi. Entendez vous! CE N’EST PAS LE FRANÇAIS DU XVIIIe SIÈCLE! C’est le français Québécois du XXIe siècle!

Il y a aussi tous les petits malaises inclassables. Que pensez-vous de celui-ci, c’est dans le dernier Elle cuisine : «Sur le site http://www.cookshow.com/, pros et amateurs du monde entier se côtoient sans complexe, pour nous livrer recettes et astuces en vidéo. L’occasion d’apprendre à réaliser du sirop d’érable au gingembre, guidé par un chef québécois, en V.O.» Abasourdie de trouver dans la même phrase les mots «sirop d’érable», «québécois» et «V.O», je me suis posée deux-trois questions. Pourquoi étais-ce nécessaire d’écrire «en V.O.»?!? Chef québécois aurait suffit... Il faut savoir que tout ce qui sonne québécois ici est sous-titré ou doublé en Français de France (sauf la pub pour le nouveau sandwich Canadian Wild de Mc Donald... sans commentaire). J’ai fait le saut l’autre jour, je regardais la télé et j’ai vu un comédien québécois dans une pub de char, doublé avec l’accent français. Donc, en écrivant V.O., est-ce qu’on averti le lecteur que cette recette sera nécessairement plus compliquée étant donné l’accent québécois? Peut-être. N’est-ce pas paradoxal qu’on signifie dans la phrase précédente que les chefs du monde entier se côtoient sans complexe? Il y en a bel et bien un complexe, et c’est celui de la V.O., l’accent québécois réputé incompréhensible et qui reste, envers et contre tous, une stupide curiosité folklorique. Aurait-on écrit V.O. si on avait parlé des gaufres succulentes d’un chef Belge, d’une fondue au fromage Suisse, d’une omelette Basque, d’un cassoulet Toulousain? Non. Sirop d’érable, québécois, V.O. ... ça me donne presque envie de giguer... Moi aussi je peux écrire des phrases paradoxales. En voici une : Le problème avec les Québécois, c’est qu’il parle dans leur langue maternelle, le français.

Je vais me chercher du travail après mon mariage et je redoute les entretiens d’embauches. Et si mon futur employeur se mettait à m’imiter à chaque fois que je parle pendant l’entretien? Et si, une fois embauchée, les employés faisaient pareils? Je devrais (encore) expliquer que je suis écoeurée qu’on m’imite, et personne (encore) ne me prendrais vraiment au sérieux... « C’est pour te taquiner...» Ouain... Ta yeule. Une amie Française me racontait en fin de semaine qu’elle avait dû faire le message de fermeture du magasin à l’intercom lors de sa première journée de travail, que ça l’avait gêné... et si j’avais à le faire, moi, est-ce que les clients comprendraient ou bien n’écouteraient-ils que mon accent? Et si on refusait de m’engager parce qu’on redoute l’effet qu’aura mon français sur le public? Et si on me considérait comme l’innocente de service? Cette carte-là, on m’a conseillé de la jouer pour me trouver du travail... ça a l’air con, mais les Québécois ont cette gentille réputation ici. Sérieusement, ça met peut-être plus de chances de mon côté (sauf quand je magasine : dès qu’un vendeur entend mon accent, il s’empresse de me bourrer comme une valise pour me vendre son stock). On m’a dit de jouer la carte de l’anglais aussi : ici, je suis top bilingue... Bonjour, je m’appelle Rachel Gamache, je suis une gentille bilingue et je parle en V.O.

Ce n’est pas une farce. Normalement, on ne pense pas à tout ça quand on doit parler. Moi, j’y pense toujours, inconsciemment. À chaque fois que je rencontre un nouveau Français, je dois tout reprendre dès le début : articuler en malade, choisir et peser chacun de mes mots et surtout dire de ne pas m’imiter, que c’est agaçant à la fin, que ça fait huit mois que je vis ici... Je sens que RIEN ne me pousse à préserver, conserver, garder mon cher accent (sauf ceux qui ont de la compassion pour ma situation) et je comprends mieux pourquoi maintenant certains Québécois ont choisi de jeter le leur. Je ne leur en veux plus, c’est beaucoup plus facile ainsi de se mêler à la masse. Pourtant, moi, je résiste, pour le moment et pour longtemps, j’espère... Mais je n’ai rien à attendre en retour de cette résistance. Quoi que j’y fasse, ma langue changera et me trahira à nouveau quand je serai de retour au Québec. Chaque fois que je parlerai, on le saura que j’ai passé pas mal de temps en France. Et je devrai jongler éternellement avec les langues qui fabriquent mon identité. «Hi, my name is Rachel» «Where are you coming from, with this english? France? You speak well!»« No, I’m French Canadian... from Quebec»«I didn’t know that people were still speaking French in Canada?!?...»«Well... we keep some secrets like that... but maybe we’re going to bring this one in our graves»«Sorry... I didn’t get it. Could you repeat, please?»

On est bien au Québec, entre Québécois. On est comme dans un petit nid, chaud et douillet, une île... on cajole nos idéaux politiques, notre langue, notre culture, notre chaleur humaine (reconnue internationalement) et notre poutine. C’est bon, dans notre cocon on a réussi : on a survécu à l’envahisseur culturel et linguistique. On se sent menacé parfois, mais de l’intérieur, et les petits feux de pailles, on a vite fait de les éteindre au fond. Le reste du monde (même les États-Unis) est loin, très loin de nous.

Et c’est peut-être pour cette raison qu’ici (et ailleurs sans doute), on nous connaît encore aussi mal.

lundi 15 septembre 2008

Mamie Nova, la star de Bonnelles

Avec la fin des vacances, Bonnelles est redevenue normale (!). Les lycéens gueulent à toute heure dans la rue, Jean-Pierre donne à nouveau des cours de yoga le jeudi après-midi, il y a une file d’attente d’une heure au bureau de poste, Patrick et sa femme hystérique ont ré-ouvert le bar-tabac du coin (qui a été fermé 1 F**** MOIS!), les poltrons sont d’ailleurs tous de retour au comptoir vers 16h30, et avec eux, évidement, le vieux vicieux trachéotomisé pour de faux, sa canne, son caddie de cannes à pêche et sa chienne de travail bleue sale (son chien marocain doit être mort puisqu’il n’était pas avec lui, mais je ne lui ai pas demandé, vous savez pourquoi). Je ressens quand même un peu de compassion pour lui, mais je reste sur mes gardes. En sortant du cours de yoga jeudi passé, il était là (il m’attend...) et a tendu la main pour que je la lui serre. (Ben oui! Comme si j’allais tomber dans le panneau!) J’ai dit «nonnonononoooon!!!» en agitant les mains en signe de refus, et j’ai pratiquement couru jusque chez moi. Il fait pitié : je suis sûre qu’il ne se souvient même pas qu’il m’a embrassé sans vergogne au printemps dernier et que je lui en veux encore. N’empêche, il m’énerve. Entoucas, je vais essayé de le prendre en photo, ça vaut la peine de lui voir la gueule. Il y a plusieurs énergumènes de ce genre à Bonnelles. Samedi matin, Chéri va chercher une brioche à la boulangerie, 30 secondes de marche, aller-retour. Il a pourtant mis 15 minutes pour y aller et revenir, découragé :«Putain, j’ai rencontré Mamie Nova...» Dépendamment de la catégorie d'énergumène que l'on rencontre sur notre route, aller à la boulangerie prend plus ou moins de temps.

La première fois que j’ai rencontré Mamie Nova, ce devait être au mois de février dernier, je venais tout juste de m’installer à Bonnelles, et j’allais sûrement, un peu comme Chéri samedi dernier, chercher du pain à la boulangerie, quand une vieille femme vêtue d’une étrange façon m’a fait signe dans la rue. Il faut tout d’abord savoir que, dans les rues de Bonnelles, tout le monde se salue : Bonjooouur!!! Alors je salue la vieille, et elle me répond :

- Mais on se connaît!!!
- Non, je pense pas, je viens d’arriver...
- Mais siiiiii! C’est moi, Mamie Nova, la star de Bonnelles! (ah ben, la star de Bonnelles...)
- Non mais chu pas venue à l’école ici, j’étais au Québec... c’t’impossible...
- Tout le monde me connaît, tous ils m’appellent Mamie Nova, la star de Bonnelles. C’est parce que j’ai enseigné 25 ans au lycée, vous devez vous souvenir de moi, je servais aussi les repas du midi à la cantine. Comment vous appelez-vous déjà?
- Rachel Gamache
- Je me souviens de vous, vous étiez dans la classe de machin en telle année...
- Ah ouin?!? (J’ai joué le jeux, voyant qu’elle ne me lâcherais pas) ça me dit quekchose...

Après, elle m’a parlé de ses problèmes de santé et de l’opération au genou de sa soeur pendant au moins dix bonnes minutes.

Ce qui m’a étonné à ce moment-là, c’est qu’elle n’avait rien à faire de mon accent québécois gros comme le bras, ça ne lui a pas sonné une cloche, sa célébrité l'a rendue sourde... j’en étais presque vexée... moi qui croyais être alors LA superstar de Bonnelles depuis mon arrivée, la vieille folle m'avait, depuis longtemps déjà, volé la vedette.


*****

ERRATUM : Je suis allée souper avec mes compagnons de voyage en fin de semaine et j’ai appris finalement que le cochon qui nous avait attaqué en Corse était en fait (a(w)ôôôôôh Cochooooonne!) une femelle sanglier.

mercredi 10 septembre 2008

Corse 103 - Comment se faire attaquer par un cochon sauvage

Après les cochonnes, les cochons, ça va de soi.

Ce qu’il faut d’abord comprendre, c’est qu’en Corse, les animaux sont libres d’errer où bon leur semble. Quand on va au restaurant, il y a toujours deux-trois chats et deux-trois chiens qui viennent s’asseoir à côté de toi à tour de rôle pour partager ton assiette. Ça dérange personne. (Y’a même un chien qui m’a suivie jusqu’à la voiture et qui a tenté de voler le paquet de biscuits que j’avais laisser dans la portière.) Les animaux dits «de la ferme» ne font pas exception à la règle. Par exemple, j’escalade une montagne (pour aller voir le Lac de Nino, 1762 mètres au-dessus du niveau de la mer), en haut il y a des vaches et des chevaux (je sais pas comment ils ont fait pour arriver là, mais ils y sont). Ils sont tous marqués ou ont des cloches dans le cou, ce qui signifie qu’ils appartiennent à quelqu’un (quelle perspicacité me direz-vous!) qui les laisse paître comme si de rien n’était. Comme vous pouvez le constater, la Corse, c’est ben relax. Donc, les animaux se promènent et parfois se trouvent sur la route, au détour d’un virage en épingle ou plus fréquemment, en plein milieu du chemin, surtout la nuit. Il n’y a pas que des chiens, des chats, des chevaux et des vaches, non non, il y a aussi des cochons. Certains sont marqués, et d’autres non. Il existe donc des cochons sauvages (pas des sangliers, des cochons) qui vivent dans la forêt et que les Corses chassent (pour faire du Lonzu, miam). D’ailleurs, une nuit, ça m’a empêché de dormir. Je vous explique la chasse au cochon sauvage : 5-6 chasseurs se placent au bord de la route, face à la forêt, sur environ 500 mètres de long disons. D’autres chasseurs partent de l’autre bout de la forêt et font une battue pour pogner les cochons en sandwich (en smoke-meat) et les tuer. C’est pas très éthique comme façon de chasser le cochon, ni très prudent (je voudrais pas être le chasseur qui fait la battue...), mais ce qui me dérange le plus là-dedans, c’est le bruit des klaxons. Admettons que quelqu’un passe en char sur la route et qu’il est, soit végétarien, soit anti-chasse-aux-cochons, soit un méchant farceur, il va peser sur le klaxon pendant 500 mètres pour que les cochons aient peur et se sauvent, ce qui, évidemment, a pour principale conséquence de faire chier les chasseurs et la fille en camping, 5 kilomètres plus loin. C’est très écho, la Corse.

On allait se baigner dans une rivière (pas la même que celles des cochonnes, une autre, près des Aiguilles de Bavela, au Sud) et on voulait pique-niquer là-bas. On avait plein de provisions succulentes. Rendus dans le stationnement en haut de la rivière, on aperçoit le plus gros cochon sauvage qu’on ait jamais vu pendant notre séjour en Corse, c’est-à-dire qu’il faisait environ 3 pieds de haut (il m’arrivait un peu plus haut que la taille, genre) et au moins 6 pieds de long (je vous jure, j’exagère pas, il aurait été plus grand que moi s’il s’était tenu debout). Il vaquait dans le stationnement, comme s’il était chez lui, et personne ne s’en préoccupait, même s’il approchait de très près les personnes et les voitures. Il était gros, mais ultra maigre, l’air malade, bref, il n’inspirait pas confiance, mais on essayait de l’ignorer tout en ouvrant le coffre du char et en chargeant l’épicerie dans nos sac-à-dos. Laetitia me tend un premier sac de fruits que je place dans mon sac-à-dos en lui jasant. Elle aperçoit soudain le gros cochon à côté d’elle (moi je ne l’avais pas vu) et se met à crier en reculant. Le gros cochon grogne et semble en avoir après le deuxième sac de fruit qu’elle voulait me donner. Je suis pétrifiée; nous l'étions tous. Laetitia essaie alors de se faire obéir du cochon en lui disant : NON! NON! NOOOOOOON! Je ne bouge toujours pas, Laetitia a toujours le sac de fruits dans sa main. Le cochon insiste et Laetitia, qui est maintenant pognée entre la bête et un gros arbuste, fini par lui lancer le sac de fruits au moment où il tente de la mordre (et oui, un cochon, ça mord). Le cochon a tout mangé, même le sac plastique (nous ne saurons jamais s’il a chié emballé pouhahaha!) On est vite descendus à la rivière, traumatisés par l’incident du cochon affamé.

En revenant (3 heures plus tard), on s'est rendu compte qu'on avait laissé la porte de la voiture ouverte (pas débarrée là... grande ouverte!). On s’est même pas fait volé le MP3. Relax...

*****
Méchante belle journée aujourd’hui. Je me suis réveillée à 4h du matin, top shape. Je me suis levé, j’ai allumé l’ordi : mon ami Simon Poulin reprend du service sur Ton papa me fourre! Et je pogne Éric S. Lalère sur msn. J’ai terminé une nouvelle et je l’ai envoyée pour le Livre noir de Ta mère (oui oui je vous tiens au courant, elle est tellement étrange cette nouvelle que j’ai franchement aucune idée du verdict de Ta mère. Entoucas.) J'ai aussi découvert comment mettre des hyperliens dans mes billets (ben oui je suis slow...)!