lundi 24 novembre 2008

Emplois du temps

Je pense que j’ai trouvé la (ma) formule gagnante pour écrire : alterner les lieux. Si dans la vie en général je suis incapable de rester en place, logiquement, il faut que je bouge pour pouvoir garder un bon rythme d’écriture. Je pars un matin sur deux à Paris, je m’arrête dans un café et l’après-midi je vais à la bibliothèque publique d’information (la seule bibliothèque que je connais où il faut faire la queue... pour passer au détecteur de métal), celle de Beaubourg, qui me rappelle franchement la BNQ à Montréal (il y a des clôtures tout le tour), bien que son architecture soit un peu plus originale, disons. Étrangement, le principal avantage de cette bibliothèque, c’est qu’on ne peut pas emprunter les livres : ils sont toujours là quand j’en ai besoin. Le deuxième avantage, c’est que j’ai l’impression d’avoir des amis intellectuels, je me sens moins tu-seule de ma gang... ça fait un peu Soulier de Satin, à 9 heure, le 2 décembre, où 10 personnes se sont ramassés là, tout poqués, pour travailler, tout le monde est dans le jus, on boit du café en gang en regardant nos ordis, on se parle pas, mais maudit qu’on est ben pareil, Walid arrive et chiale sur le fait que le local étudiant est devenu un repère d’intellos branchés... c’est comme ça que je me sens à Beaubourg, moins le café. Évidemment, cette époque est révolue, du moins en ce qui me concerne. Maintenant, j’ai d’autres amis, en d’autres lieux, tous aussi bizarres les uns que les autres.

Il y a deux sortes de personnes qui viennent, comme moi, étudier à la Bpi : les statiques et les dynamiques. C’est quand même spécial que, peu importe la bibliothèque, tout le monde semble toujours aller s’asseoir à la même place... À ma table, il y a un gars qui semble souffrir d’une sorte de dystrophie musculaire et qui semble apprendre une langue étrangère. Il est cool, ben tranquille (même s’il arrête pas de bouger, c’est pas sa faute, mais vu qu’il est assis quand il bouge, je le classe dans la catégorie des statiques). Un de ses amis vient le rejoindre vers 15 heures, lui, il fait des maths et quand il est écoeuré, il lit le journal Métro en dessous de la table (comme si je le voyais pas, tsé !). Toujours assis au même coin, il y a un vieux monsieur qui a l’air vraiment grognon et qui traduit du Russe (j'espère que je ne lui ressemblerai pas à son âge...). Je suis franchement bien entourée, mais ce sont les personnes entrant dans la catégorie dynamique qui sont les plus divertissantes. Il y a d’abord Monsieur 20 centimes, un quêteux, très propre de sa personne et poli par-dessus le marché qui se tient près des machines à café et sur le balcon où vont tous les fumeurs « Excusez-moi mademoiselle, auriez-vous une pièce de 20 centimes, s’il vous plaît?» C’est tellement bien demandé que c’est dur de lui refuser. Il y aussi un bonhomme tout droit sorti des années 1970 qui se promène toujours en camisole avec son portable sous le bras. Il marche comme ça, dans la bibliothèque, et il change de place à peu près aux heures. Bizarre. Mais le cas dynamique le plus étrange, c’est sûrement la madame du troisième étage qui parle toute seule. Elle est toujours habillée en bleu (comme le vieux vicieux...) et elle ressemble à une sorcière, toute petite et toute maigre avec des cheveux grisonnants. Elle ne s’assoit jamais. Elle reste debout dans l’allée au troisième étage, faisant les 100 pas, s’arrêtant stratégiquement devant certaines tables, son sac en bandoulière et son manteau accroché dessus et elle regarde les gens, ses bras croisés sur sa poitrine; parfois elle pose la tête dans sa main. Elle ne fait rien, elle s’est perdue, je crois. Comme j’aime bien me raconter des histoires, je me dis que derrière ses allures de Moires se profile peut-être une muse.

2 commentaires:

Danger Ranger a dit…

C'est elle, la sorcière, qui veille sur ce blogue!
(Faut trouver du sens.)
Tellement, tellement de personnages bizarres...
Peut-être sommes-nous chacun le personnage bizarre d'un autre.
À Montréal, en tout cas, c'est pas les exemples qui manquent. À Paris, wô là! - t'est dans les grandes ligues!
(Suis jamais allé à Paris. Dans mes projets.)

Marie-Pascale a dit…

N'oublie pas que durant que tu observes tout ça et que tu penses à tout ça, tu ne travailles pas :-p