lundi 19 mai 2008

Le four maudit

(Je me désole autant que toi, lecteur, de ma cyberabsence qui s’est vue prolongée pour cause de vide technologique et existentiel. Je m’excuse seulement quand je regrette, et ce n’est malheureusement pas le cas. Je souhaite tout de même que cette situation n’ait pas causé préjudice à quiconque. Comme dirait l’autre : pas de nouvelles, bonnes nouvelles... mouais.)

Chéri et moi-même sommes installés adéquatement dans notre modeste appartement de Bonnelles. De ma cuisine, j’ai une vue superbe sur le magnifique jardin d’où je peux observer les diverses manifestations animales de la basse-cour. C’est le printemps, et ça s’entend. Deux poules et un canard couvent et je me réjouis d’avance de voir les mignonnes petites bêtes qui sortiront de leurs coquilles sous peu, mais j’ai surtout hâte de les bouffer une fois qu’elles seront arrivées à maturité. Menoum. Les fenêtres du salon et de la chambre à coucher donnent sur la rue principale de Bonnelles, celle où il y a le Tabac. Ce sont les fenêtres les plus divertissantes. Chaque matin et chaque soir les lycéens y passent et j’ai accès acoustiquement à toutes les conneries qu’ils se disent : ils sont pas très gentils... L’autre fois il y en avait un qui se roulait par terre en plein milieu de la rue et qui criait : AAAAAAARRGH, MA MAIN PUTAIN MA MAIN! Je me suis précipité sur le téléphone (après plusieurs tergiversations, nous avons maintenant le téléphone) pour appeler l’ambulance, mais finalement, il s’est relevé, ben crampé. Il fakait une mauvaise chute à vélo, le pauvre. Il y a aussi parfois des chicanes de bar : j’étais en train de me sécher les cheveux quand j’ai entendu la tavelière (imaginer comme elle criait fort) faire une crise d’hystérie en jetant dehors un de ses clients, totalement soul. Je ne sais pas exactement ce qui s’est passé, mais c’était fort divertissant. Le seul inconvénient avec mes fenêtres, c’est qu’elles n’ont pas de moustiquaires (j’ai remarqué que c’est le cas pour 90% des fenêtres françaises). Cependant, j’ai des volets et c’est assez cool de les fermer et de les ouvrir. Je me suis demandé pourquoi on n’en avait pas au Québec, puis j’ai repensé au verglas et aux tempêtes de neige. Je me suis dis qu’on avait ben assez de déneiger nos chars, s’il fallait en plus dégivrer les volets... et surtout qu’à - 40, t’as pas envie de mettre ton parka pis tes mitaines et d’ouvrir la fenêtre juste pour avoir le plaisir de fermer tes volets. J’ai pas trouvé de raison pour expliquer l’absence de moustiquaire : il y a autant de mouches ici qu’à Montréal. J’ai acheté des bandes collantes pour qu’elles aillent se coller dessus et je les ai accrochées un peu partout dans la maison, mais ça a l’air que les mouches sont plus intelligentes que le croit le fournisseur de bandes collantes : ça marche pas, alors je laisse les mouches voler dans la maison. J’espère au moins qu’elles se sentent chez elle.

Nous sommes full equiped. La parenté de chéri s’est passé le mot pour nous fournir tout ce dont nous pourrions avoir besoin. Nous avons des serviettes de table et une nappe différente pour chaque jour de la semaine (je n’ai jamais eu autant de nappes), j’ai un moulin pour faire de la purée de légumes (oui, ça existe), deux plats pour servir le foie gras (je sais pas comment en faire par exemple...), j’ai aussi un kit pour servir le thé et le café en porcelaine du Luxembourg de la série «Acapulco» avec des motifs mexicains des années 1970. C’est la plus belle chose que je n’ai jamais possédée. Nous nous sommes greyé d’un frigidaire : la porte arrive jusqu’en bas et je me cogne toujours les orteils quand je l'ouvre, mais je l’aime quand même, surtout parce qu’il est neuf et qu’il a toutes les propriétés qu’un frigidaire doit avoir. La nouvelle venue est une petite machine à laver à chargement frontal que nous sommes allés récupérer chez une amie samedi soir. Elle est pratiquement neuve et je l’aime surtout parce que je peux regarder les vêtements qui tournent dedans.

À la mi-mars, nous avions commandé un four sur le site Le magicien des prix. Avec un nom pareil, j’aurais dû me méfier. Livraison gratuite en dix jours ouvrés, le livreur ne monte pas les escaliers. Ok. On en a vu d’autres... À la mi-avril, toujours pas de four, mais un courriel qui nous indique que le produit est sold-out chez le fournisseur. Nous pouvons soit être remboursés, soit attendre 30 jours. Chéri répond au magicien des prix qu’il préfère être remboursé, non sans ajouter à son message une pointe de sarcasme bien français... Le magicien nous répond que nous serons remboursés dans 7 jours ouvrés. Jeudi dernier, chéri vérifie ses finances pour acheter un autre four (nous bénéficions depuis un mois de plaques de cuissons gracieusement prêtées par notre propriétaire. Au moins, on peut se faire des spags parce que la fondue (merci Marilou, ton cadeau nous a sauvé la panse) et la raclette, un moment donné, tu te tannes...) et me dit : «Est-ce que tu veux rire un bon coup?» J’ai dit «Non», en sachant pertinemment que c’était une autre tuile qui nous tombait dessus. Les coups de têtes ne nous ont pas trop rapporté financièrement, mais les rires jaunes, eux, se sont accumulés. Chéri lit haute voix malgré tout : «M. Morier Olivier , Nous avons le plaisir de vous annoncer que votre commande N°L99793ZFdG7O du 23/03/2008 vient d'être expédiée par nos services. »

Ça faisait longtemps que j’avais pas dit «tabarnak».
À suivre...

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