jeudi 21 août 2008

Retour dans le passé

À la demande générale, je publie ici la lettre de motivation que j'ai écrite au Consulat de France à Montréal (avec l'aide précieuse d'Éric Samson-Lalère) pour l'obtention de mon PVT.

Montréal, le 10 janvier 2008.

Objet : lettre de motivation en vue de l’obtention du visa 2E Permis vacances-travail

Madame, Monsieur,

Je vous écris aujourd’hui pour vous exposer les raisons qui motivent ma demande de visa long séjour de type 2 E, communément appelé PVT.

J’ai visité la France à l’été 2006 et j’ai vraiment apprécié votre pays fabuleux ou je me suis bourré de fromage et de jambon pendant 3 semaines inoubliables autant que consécutives. J’ai bu plein de Ricard et mangé plein de saucissons, celui d’Auvergne est particulièrement goûteux. Votre mode de vie épicurien me convient tout à fait et c’est pourquoi j’aimerais passer un an chez vous juste pour voir combien de kilos en surplus j’aurai en revenant. Je suis heureuse que nous puissions désormais trouver du beurre de pin’ dans vos épiceries. D’ailleurs, le Champion et ses allées de palettes de chocolat me manquent chaque jour.

J’ai hâte d’aller acheter mes cigarettes dans un tabac et de pouvoir dire chaque jour au commis : un lucky 25... ce sera tout !

Je capote sur votre système de transport incroyable : j’ai traversé la France en moins de 2 jours, ce qui s’avère toujours impossible, ici, au Canada. Vos multiples grèves pimenteront mon quotidien. J’adore écouter toutes les conversations au portable dans le rer, ainsi, j’apprends beaucoup sur les principaux intérêts de votre peuple et votre culture.

Je capote sur le stade de France et sur les fesses de Michalak.

Voici les principales raisons qui motivent ma demande de PVT.

AH! J’oubliais le principal : les Français sont de formidables amants. J’en trouvé un qui me convient parfaitement.

Cordialement,

Rachel Gamache, future Française

lundi 18 août 2008

Top 10...

... des choses ordinairement loufoques qui me sont arrivées en France et que je n’ai pas eu l’occasion de raconter :
1. Je prends mon char pour aller au centre d’achat. Il y avait un cirque d’installé dans le stationnement dudit centre d'achat cette journée-là. Un bouc s’était échappé du cirque et courait sur la route. Plusieurs gendarmes essayaient de l’attraper. Je me suis dis : merde, j’ai pas mon kodak.
2. Quand je suis revenue du Québec, Macha (mon chat) m’a réveillée dans la nuit en miaulant à tue-tête pour me montrer la musaraigne qu’elle avait chassé et qui gisait sur le plancher du salon. Je lui ai quand même dit «merci».
3. La première fois que j’ai entendu au comptoir d’une pharmacie parisienne le pharmacien me dire «et avec ceci?» j’ai figé, je pensais qu’il me niaisait, et Chéri a dû répondre à ma place «ce sera tout».
4. La dernière fois qu’on est allé en Bretagne, Chéri a ramassé une huître, l’a mangée, et sa lèvre supérieure a enflé de façon démesurée. C’était quand même un peu drôle. Heureusement, ça n’a pas duré...
5. Le gars de France Telecom qui est venu chez nous installé la ligne m’a parlé en québécois pendant une demi-heure et je n’ai rien compris.
6. Une fois, une vendeuse par téléphone m’a appelé pour me vendre du poisson congelé par la poste. J’ai refusé l’offre, même si c’était sans engagement.
7. En 4 mois de conduite automobile sur les routes de France je me suis fais arrêter 3 fois par les gendarmes même si je n’avais rien fait. Au Québec, je me suis fais arrêté une fois en 5 ans.
8. À l’épicerie, il est indiqué en gros caractères au-dessus des oeufs (qui en passant ne sont pas dans les réfrigérateurs) s’ils proviennent de poules en cages ou en liberté. JE VEUX PAS LE SAVOIR!!!
9. À la mairie de Bonnelles, ils ont refusé catégoriquement de nous marier à 13 h parce que ça tombait dans leur heure de dîner. Alors on doit se marier à midi... Et il y aura une grosse photo de Sarkozy devant l’autel.
10. Je dis maintenant plus souvent «rhh Oh la la!» au lieu de «ostiiii!» quand je suis découragée, et quand je me frappe le petit orteil sur le coin de la porte je dis «Aïe!» au lieu de «Ayoye câl...»

vendredi 15 août 2008

Ce blogue est en vacances (ou presque...)

Parce que je m’en vais en Corse. Je n’écrirai donc pas pendant ces deux semaines, sauf si je trouve un café internet et qu’il pleut (POUHAHAHAHAHAHAHA!!!! Comme s’il pleuvait en Corse!) Je vous ai quand même préparé quelques petits billets au cas où je vous manquerais terriblement.

Et oui, qui l’aurait cru? Ce n’était pas une destination prévue à mon carnet de voyage... un des heureux hasards de mon existence. J’ai hâte, mais j’entretiens quelques réserves que j’essaie de tempérer au possible. Par exemple, lors de mon premier voyage en France, je suis descendue à Arles, en Camargues, et je me rappelle avoir porté des chandails à manches longues pendant les 3 jours que j’y ai passé : le soleil me brûlait la peau malgré mon assiduité à me beurrer d’écran solaire. Il y a aussi le fait que c’est un (long) voyage de groupe, le premier à mon actif... Nous partons à 4 la première semaine (deux couples, dont Chéri et moi) et nous retrouvons 2 autres couples pour passer la deuxième, des gens qui me sont tous sympathiques, heureusement, mais que je ne connais pas assez encore pour pouvoir dire si ce voyage sera un répit ou une corvée. Souhaitons simplement que ma tête de cochon ne se pointera pas le bout du nez... et que ma zen-attitude l’emportera contre les prises de becs (7 Français qui passent la semaine ensemble... ça risque de s’obstiner en masse!!! Mais je les aime de même, que voulez-vous... (eux aussi s’aiment comme ça...)) Il y a aussi la question de mes chats chéris, qui seront sous la tutelle de mes voisins pendant 2 semaines... La confiance ne règne pas tout à fait entre nous (de mon côté surtout) et je n’ai pas besoin de vous dire que j’ai peur de les retrouver morts en revenant (pas les voisins, les chats...(malgré que le contraire serait funny: Deux chats sociaux-démocrates bouffent 3 humains réactionnaires: ils les avaient forcés à manger des légumes)) Tout le monde est en vacances, sauf eux, alors je n’ai pas trop le choix de leur confier mes chats si je veux partir. Chéri ne s’inquiète pas à ce sujet, alors j’essaie de faire comme lui.

Hier, j’ai regardé la météo plage à la télé. Vous êtes-vous déjà baignez dans de l’eau à 27°? Moi non... ah oui, peut-être dans mon bain... je vous raconterai l’effet que ça fait en revenant. Ça fera toujours changement des lacs à 15° de ma chère province...

mercredi 13 août 2008

Questions de courage

Courage n.m. (de coeur). 1. Force de caractère, fermeté que l’on a devant le danger, la souffrance, ou dans toutes situations difficile à affronter. Cette femme a beaucoup de courage. Fam. Prendre son courage à deux mains : faire appel à toute sa volonté, à toute son énergie pour surmonter ses appréhensions, pour oser faire qqch. 2. Ardeur, zèle pour entreprendre qqch ; envie de faire qqch. Il n’a pas eu le courage de se lever si tôt. 3. Ne pas avoir le courage de faire qqch, être incapable de le faire, par sensibilité. Je n’ai pas eu le courage de lui annoncer la nouvelle. 4. Avoir le courage de ses opinions, ne pas hésiter à les manifester, à s’y conformer.


«Bon courage!», c’est ce que les gens lancent ici aux caissières en quittant l’épicerie, et je trouve malheureusement que c’est insultant, voire fendant. Pourtant, à peu près tous les Français que je connais le dise (Chéri inclus), et ils ne sont pas tous fendants, hein, quand même... Dire «bon courage» à une caissière pour moi, c’est comme lui dire en pleine face qu’elle fait un pauvre métier et qu’elle travaille dur pour des pinottes. C’est condescendant. Si je vois que la caissière n’est pas une étudiante, j’ai l’impression que c’est pratiquement lui remémorer qu’elle n’a probablement pas fait d’études ou qu’elle n’a pas eu le courage, la force de caractère justement, de mener à bien ses projets, qu’elle manque d’ardeur, de zèle, qu’elle a hésité à un moment crucial de sa vie, ce qui fait qu’elle s’est retrouvé assise devant sa caisse enregistreuse au Champion. C’est lui rappeler qu’elle est peut-être, oui, en manque de courage, que sa vie est plate, qu’elle fait un métier non stimulant. C’est quasiment lui dire «grouille-toi le cul de faire autre chose sinon tu vas pourrir là!!!» Y’a de quoi déprimer. Je me demande bien ce qu’ils font dans la vie, les clients qui souhaitent «bon courage» aux caissières... j’ai franchement l’impression qu’ils regardent les caissières de haut : «pauvre petite, elle est malheureuse assise là comme une poire toute la journée...» Parfois, selon le ton, j’ai aussi le sentiment que c’est plutôt une phrase empathique qui voudrait dire «Moi aussi je fais une job de cul, je te comprends, c’est pas toujours facile...», ce qui ne sauve pas plus la face de celui qui le dit : entre pauvres gens, on se comprend. Mais qu’est-ce qu’ils voient au juste quand ils regardent la caissière? Comment évaluer le besoin de courage de quelqu’un qu’on ne connaît pas? À mes yeux, souhaiter «bon courage» à une caissière d’épicerie, c’est un jugement gratuit et négatif, basé sur la noblesse ou la non-noblesse d’un métier. Entre nous, avouez que de nos jours, personne n’a réellement envie de faire carrière comme caissière au Champion et d’y passer sa vie... Mais irons-nous souhaiter «bon courage» au banquier, au chef d’entreprise, bref à celui ou celle qui a soi-disant «réussi»? Non. Bref, vous comprendrez que jamais j’irai souhaiter «bon courage» à la femme qui travaille depuis 10 ans au Shopi près de chez nous, même si elle en a peut-être besoin et qu’elle fait un métier ennuyant à mes yeux... J’ai l’impression que c’est pas de mes affaires et que j’aurais l’air arrogante... J’aime mieux souhaiter une «bonne journée!»... me semble que c’est plus encourageant, ou du moins plus neutre comme façon de dire aurevoir... Je crois par ailleurs que c’est une question de culture et de perception : on ne doit pas avoir la même définition de ce qu’est le courage, je ne l’ai pas entendu dire souvent au Québec (et jamais aux caissières... Dites-le moi si je me trompe, mais on dit plutôt «bonne chance»... il faudrait réfléchir aussi à la teneur de ce «bonne chance»...) Les caissières disent toujours «Merci!» après le «bon courage»... il faudrait que j’interroge une caissière à ce sujet : «Non mais qu’est-ce que ça fait au moral de se faire souhaiter «bon courage» à tort et à travers toute la journée?» Je me le demande. Moi, ça me déprime.

J’ai fait la deuxième étape de la Route de Compostelle avec mes amis Sarah et Simon lundi dernier. Nous avons marché une vingtaine de kilomètres entre Palaiseau et Arpajon. Les gens qui nous voyaient passer dans les villages avec nos packsacs nous souhaitaient souvent «bon courage»... Nous on répondait «merci!», et ça m’a rappelé l’histoire avec les caissières. Sarah et Simon vont en chier (et ils le savent!) pour faire la route : après une journée de marche j’avais les jambes en compote, sauf que je rentrais chez moi prendre une douche... eux faisaient du camping, et repartaient le lendemain. Ils sont courageux, effectivement. Il n’y a pas beaucoup de gens qui entreprendraient un tel projet, mais le «bon courage» des villageois était dit sur le même ton de la compassion que celui qu’ils lancent aux caissières. Est-ce possible de comparer le besoin de courage des caissières et celui des randonneurs?

vendredi 1 août 2008

Illustration de la fameuse priorité à droite

Voici ce qui arrive quand on ne fait pas sa priorité à droite.


La camionnette de France Express sera considérée dans le tort, son conducteur n'a pas regardé à droite avant de s'engager. À mon avis, les deux voitures sont responsables. Il faut ralentir, même quand on a la priorité... la plupart du temps je dois laisser passer les voitures qui n'ont pas la priorité (ce qui me vaut souvent plusieurs coups de klaxons) parce qu'elle arrivent trop vites pour pouvoir s'arrêter. C'est le deuxième gros accident à ce carrefour de Bonnelles depuis que je suis arrivée, j'ai failli moi-même rentrer dans un char qui s'en venait à toute vitesse à ma droite: on voit rien, il faut s'avancer pour vérifier... Trouver l'erreur. Je comprends pas pourquoi les Français sont si réticents aux Stop... Eux qui critiquent tant le rythme rapide de l'Amérique pourraient prendre le temps de s'arrêter au coin des rues. Heureusement, il n'y a pas eu de blessés cette fois-ci. Je vais écrire au Maire de Bonnelles pour demander qu'il y ait un stop. Je passe par là tous les jours.

...Les pompiers Français sont aussi beaux que les pompiers Québécois.

Le rêve prémonitoire de Karine Dufour, ou comment, inopinément, la vie est ben faite

22 juillet 2008, il est 8 heures. Karine Dufour est chez elle et se prépare pour une autre journée de travail acharné. Le téléphone sonne. C’est moi qui appelle, ça fait deux heures que je magasine en braillant les prix des billets d’avion pour Montréal.
- Qu’est-ce que vous faites cette semaine?
- ... Est-ce que tu t’en viens?
- Ouais...
Là, je file mal, mais Karine prend quand même le temps de me raconter qu’elle a rêvé qu’elle allait me chercher en ville, que j’avais pris l’avion, que je revenais (!) Elle en revenait pas. Y’a de quoi. Ça faisait quelques jours que je rêvais, moi aussi, que je revenais à Montréal.
- Ben, tu vas venir avec nous autres voir Paul Mc Cartney! Eille, pis tu vas être là pour le show de la Bobosh Rock*!!!


Pouvais pas mieux tomber : voir Paul et mourir; ressusciter, et chanter dans la Bobosh. Les deux plus grands rêves de ma vie. Je trouvais que mon down était cool finalement... Ouais, c’était les 10 jours les plus intenses de ma vie. Je pourrais vous raconter mon attente de 15 heures dans la foule pour voir Paul (tellement pognés qu’on faisait des rondes pour s’assseoir), nos répétitions pour la Bobosh (rock on), les steaks (Merci papa, Sandra et Franki), les 3-4 poutines et le hot-dog all-dressed que j’ai mangé dans la semaine (merci junk food d’exister), mon brunch (thérapeutique) avec Marilou (Merci!), notre take-out du St-Hubert, dégusté au Miami (Merci Val!), l’humidité typiquement Montréalaise (Merci l'été), mon magasinage pour ma robe de mariée (c’est trouvé yeah! Je suis full equiped. Merci maman!), comment Véro et moi avons perdu la voix après notre show rock (merci Véro d’être toujours aussi solidaire), l’Isles-aux-Coudres que je n’avais pas vue depuis longtemps, mes deux pieds dans le Fleuve St-Laurent et nos rides de char (Merci Pascal, Nadia, Stéphane de m’avoir promené partout). Je préfère vous parler de mes amis (qui sont vraiment les meilleurs du monde), qui ont toujours été là (...le curseur clignote, je sais pas comment vous témoigner mon amour... Voulez-vous m’épouser?!?) et qui me manquent affreusement depuis le mois de janvier. Juste de les voir, ça a cassé mon bad trip. Je sais pas si c'est l'urgence de profiter qu'on soit ensemble ou simplement le hasard qui a fait que mon voyage était surréaliste et complètement fou, par moment j'arrivais pas à croire que j'y étais... follement agréable comme séjour, mais quand même, c’était assez épuisant... pas trop de rêve prémonitoires comme ça, s’il-te-plaît, hein, Karine...


J'ai quitté pour la première fois Montréal à la lumière du jour, ce qui m'a permis d'admirer la majestuosité du Fleuve St-Laurent (c'est kitsh comme phrase, mais c'est tellement vrai que c'est beau!) Je suis revenue mercredi matin en France et j'ai eu le privilège de voir, par le hublot, la tour Eiffel dans un nuage de smog (j'ai essayé de voir Bonnelles, mais je pense que c'est trop petit (hihihi)). N'empêche, ça avait quelque chose de charmant. Chéri (qui s’est ennuyé pas mal) ne pouvait malheureusement pas venir me chercher à l’aéroport, mais entre les quidams qui avaient tous les yeux rivés sur la sortie des douanes, j’ai aperçu un visage bien connu. Souriant jusqu’aux oreilles, les cheveux dans le vent et le teint frais sous les plus gros verres fumés de star que j’ai jamais vu de ma vie, il m’attendait les bras ouverts, mon Optimisme, m’a dit qu’il essaierait de pas me lâcher, qu’on allait travailler fort, sortir plus souvent et recommencer à faire du jogging, question d’évacuer les trois poutines de la semaine... L’entraînement a d’ailleurs commencé sur-le-champ : sur le chemin du retour, il m’a regardé transporter mes bagages...


*Quand une image vaut mille mots... (À ceux qui ne m'ont jamais vu de leur vie (Salut Jo!) je suis au centre)