jeudi 30 octobre 2008

Des nouvelles de l'accent de Marc-André Grondin II - un film francophone...

J'ai trouvé ça, mais c'est pas au sujet de Bouquet Final... En fait, Marc-André «cartonne» ici, c'est le cas de le dire, parce qu'il joue aussi un petit rôle dans un autre film (!!!), Le premier jour du reste de ma vie.

Je sais pas à quel moment cette entrevue a été réalisée, mais bon, pour la télé québécoise, il garde son accent.

Si le dossier vous intéresse... Le réalisateur explique que Marc-André lui était tombé dans l'oeil (j'espère que ça ne lui a pas trop fait mal), il le voulait dans son film et lui a demandé de perdre son accent: Marc-André a accepté... Le réalisation dira plus tard que son film est très «francophone» (parce qu'il y a aussi un Belge dans la distribution...) À chacun sa définition de «francophone»...

Marc-André Grondin cartonne à Paris !
Marc-André Grondin cartonne à Paris !

mardi 28 octobre 2008

Des nouvelles de l'accent de Marc-André Grondin

Saviez-vous que Marc-André Grondin avait obtenu un rôle dans un film français? Le film s’appelle Bouquet final, une comédie, et ça sort en salle ici le 5 novembre prochain. C’est pas un petit rôle qu’il a... il joue aux côtés de Didier Bourdon et Bérénice Béjo, deux comédiens assez populaires ici. Je l’ai su hier soir, quand j’ai écouté le Grand Journal de Canal +, sorte de talk show quotidien, assez intéressant quand même... un Tout le monde en parle un peu plus pop (il y a une chronique où on se moque des people, ils reçoivent les vedettes de séries américaines, etc. c’est un grand talk show disons). J’écoutais d’une oreille Le Grand Journal, tout en mangeant une sanewich au thon, quand j’ai entendu au milieu de trois ou quatre noms français celui de Marc-André Grondin. En premier, je me suis demandée si c’était le même, celui qui tenait le premier rôle dans C.R.A.Z.Y (apparemment ça a ben pogné en France aussi ce film-là... mais, évidemment, il était sous-titré en français (?!?)), mais la fille obsédée de langue française en moi s’est aussi dit «Tiens, on va voir comment il parle à ‘tivi...».

C’est dommage, il n’y ait pas de Youtube de l’entrevue... Ça a pris du temps avant qu’il commence à parler, il a attendu qu’on lui adresse les questions personnellement. Je pense qu'il était gêné. Mon Époux était avec moi (et savourait aussi son sandwich au thon) quand soudain, Marc-André Grondin ouvra la bouche et se mit à parler. Surpris, mon Époux s’exclama «Bah ! Il est pas Québécois lui... non ?» Effectivement, c’est à s’y méprendre. Moi qui habite ici depuis un bon bout, je ne pouvais même plus faire la différence entre la langue des Français et celle de Marc-André, qui a changé du tout au tout. Ouais... ma dernière bouchée de sanewich m’est restée dans le travers du gosier. Pendant une fraction de seconde, je me suis demandée si je ne m’étais pas trompée... il existait un autre Marc-André Grondin, et il était Français.

Il a flushé son accent québécois. Faut le faire, à ce point-là... Je connais mal les conditions de casting au cinéma. Évidemment, je me dis que Marc-André a été choisi pour la qualité de son jeu d’acteur (et aussi pour sa belle gueule!), mais il va sans dire que la condition sine qua non pour faire partie de la distribution était de prendre l’accent français, le temps du film du moins... (Marc-André, si tu me lis, explique-moi comment ça s’est passé). Curieuse, je suis allée voir sur le site de Bouquet final et dans un petit vidéo (sous l’onglet casting), une dame dit « Il avait pris un coach pour faire un film en France, et il perdait son accent jour après jour, c’était impressionnant...» Oui, en effet.

Je peux comprendre que pour faire un film en France, les comédiens Québécois doivent mettre leur accent de côté. C’est une des questions que je travaille dans mon mémoire : l’exotisme de la langue. L’accent nous situe en quelque sorte sur un territoire défini géographiquement, et il charrie avec lui toutes sorte d’idéologies relatives à ce territoire (bon, je ne rentrerai pas dans les détails ici, vous comprenez.) Ce serait un peu ce qui expliquerait que les comédiens québécois au théâtre parle un français qui n'existe nulle part, qu'on dit aussi français international, question que la pièce qui se passe en Russie au XIXe siècle n'ait pas l'air de se dérouler sur la rue Ste-Catherine à Montréal, au XXe siècle. Les références que l’accent québécois font à la culture québécoise n’ont pas lieu d’être dans Bouquet Final. Si on avait demandé à Marc-André de conserver son accent pour jouer un Parisien, le film n’aurait sans doute pas signifié de la même façon chez les spectateurs, qui sont d’abord et avant tout Français... (Là c'est une question de culture et d'ouverture et de perception... je pense que si on faisait jouer un rôle de Montréalais par un Parisien qui préserverait son accent, ça passerait quand même bien dans un film Québécois... Entoucas.)

Cela dit, Marc-André Grondin n’est pas le premier Québécois à jouer dans un film français (mais il est le premier à vraiment parler comme un Français!) Il y a eu Louise Portal dans Mes meilleurs copains qui jouait une rockeuse Québécoise qui rend visite en France à des amis Français qu’elle avait connu dans sa jeunesse. Il y a eu récemment Guillaume Cyr qui avait décroché un rôle de Québécois aussi dans Nos jours heureux, Stéphane Rousseau dans le dernier Astérix et (la grand façon à) Marie-Josée Croze (là je nommerai pas tous les films dans lesquels elle a joué en France...) qui apparemment a pris l’accent, (mais je l’aime pas alors je ne regarde pas ses films) comme Marc-André. Y'en a d'autres. Je trouve que c’est cool que les Québécois puissent être reconnus à l'étranger pour leur talent de comédien, mais c’est pas nécessaire de changer d’accent aussi drastiquement en entrevue à la télé française, il me semble... C’est juste un rôle. Ça m’a comme fait de la peine, on dirait. Et mon époux trouvait Marc-André un peu con de parler comme ça, à la française...

Marc-André joue un Parisien, voilà (il l'a ben en maudit). Je me demande quand même comment il fera maintenant, avec son accent français, pour jouer à nouveau un Québécois...

Il prendra un coach.

A suivre...

lundi 27 octobre 2008

Post-trauma

Ça y est, je suis redescendue sur terre. Ça fait du bien, je commençais à avoir le vertige : c’est fatiguant, flotter sur un nuage rose, les contes de fées et tout le tra la la. C’est fatiguant parce que c’est pas tout à fait réel... je veux dire, il faut se maintenir dans une position de béatitude épanouie et pour ce faire, il faut le créer, l’enrobage euphorique qui nous transporte, il n’existe pas tout seul : si j’avais pas mis trois couches de make-up, mes cernes auraient paru sur les photos, et ça, c’est pas beau beau. Heureusement que j’ai la bonne humeur facile, parce que plusieurs éléments se sont réunis dernièrement pour me mettre en crisse. Comme ont dit Karine et Nadia après la journée intense de décoration de la salle de réception : On a bien fait ça, personne s’est chicané !!! Une chance, oui... parce que j’aurais occis sans pitié les protagonistes d’une présumée querelle.

J’aurais voulu être moins stressée. À un moment donné j’ai comme perdu le Nord. En allant chercher Marilou et Éric à la gare, la veille dudit mariage, je me suis mise à brailler comme un veau et j’ai pas pu me retenir devant eux : Chus pu capaaaaaaaaaaaable ! C’était trop, j’avais hâte que ça finisse, enfin. Je m’en foutais de la cérémonie, d’être belle ou pas le lendemain, que la salle soit bien décorée. J’avais envie d’aller prendre un café en ville avec un bon livre et de magasiner autre chose que des assiettes en plastique et des nappes en papier. Je me disais que ça n’avait pas d’allure de faire autant de sparages juste pour un bout de papier qui allait nous permettre, à mon Époux et à moi, de pouvoir rester ensemble, dans le même pays, genre. J’aurais voulu être moins stressée parce que je me souviens beaucoup plus de la veille (qui a été pas mal chiante), que du jour de mon mariage (et non, ce n’est pas la boisson qui a causé un tel trou de mémoire : j’ai commencé à être soûle à trois heures du matin...). Peut-être que ça me reviendra avec le temps. J’ai le chic pour oublier les mauvais moments de mon existence.

Je ne regrette rien, évidemment. Avec du recul, je peux dire que j’ai apprécié chaque moment. Je voulais raconter le cours des événements, mais on dirait que j’ai pas envie de me remettre dedans pour le moment (!), je savoure la paix qui est de retour dans ma tête. Je vous sers quand même un petit top 10 des faits les plus intéressants. C’est plus original et moins roman-fleuve.

1. Détail saugrenu, mais important, un mariage, ça coûte cher, même si tu veux faire ça simple : malgré tout, on est rentré dans notre argent. Alleluia.
2. Un de nos invité s’est amené avec un appareil Polaroid à notre mariage, ce qui fait que j’ai des polaroids de mon mariage ! Yeah !
3. La cornemuse, dans les rues de Bonnelles, ça résonne en ta... J’avais le frisson.
4. On voulait de la musique irlandaise pendant le vin d’honneur, mais c’était trop cher d’engager un orchestre. Le joueur de cornemuse nous a fait la surprise, il a invité deux de ses amis qui jouent de la flûte et de l’accordéon. C’était magique, merci.
5. J’ai découvert que je jiggais mieux en talon haut. En running shoes, je suis pas capable.
6. Au souper : après l’entrée, les maîtres d’hôtels nous ont apporté le plat principal (magret de canard, c’était délicieux) et mon père a dit «Quessé ça ?!?» Je lui ai répondu «du magret de canard» et il a dit « Nenon, mais je pensais que ce qu’on venait de manger c’était le plat principal...» Vive la France, pays de la bouffe.
7. C’est Karine Dufour qui a attrapé le bouquet (qui était vraiment lourd, j’avais peur d’assommer quelqu’un en le lançant) et Simon Lemire qui a eu la jaretelle. Deux Québécois... ma gang de vous autres...
8. Allez voir le vidéo d’une des cartes de souhaits qu’on a reçue.
9. J’ai eu un enterrement de vie de fille À-la-Française, (en plus de mon séjour à Londres À-la-Québécoise). Ils m’ont déguisée en guedaille (j’aurai les photos sous peu). Dans le RER en direction de Paris, j’ai dû demander à des inconnus du genre masculin de m’écrire une dernière déclaration d’amour sur un rouleau de papier de toilette (notez qu’en France, la plupart du papier de toilette est rose, trop kitsch !) On est descendue près de l’Arc-de-Triomphe, et y’a du monde (des touristes russes surtout ?!?) qui voulaient se prendre en photo avec moi !!! Je suis vraiment une star. Ensuite, on est allé dans un hammam pour passer le reste de l’après-midi. J’ai eu droit à un gommage, et privilège de la future mariée, à un massage indien. C’était vraiment une belle journée.
10. On est allé faire nos dernières commissions avant le mariage au Shopi à Bonnelles et le caissier, en m’entendant parler sûrement, me dit : «C’est vous qui avez écrit le billet sur Mamie Nova ?» ... J’ai enfin pu mettre une face sur mon lectorat Bonnellois.

mardi 21 octobre 2008

Maintenant, on peut se faire imprimer des t-shirt avec écrit dessus: we survived our wedding






J’ai mal dans toutes les parties du corps, et je suis convaincue que c’est parce que j’ai jiggé en
talons hauts (la première et la dernière fois que je me mets ça aux pieds, garanti!)

Je sais comme pas trop par quoi commencer, ce fut une semaine intense, riche en rebondissements et en émotions nouvelles. J’arrête pas de repasser le film de notre mariage dans ma tête (j’étais tellement nerveuse avant d’aller à la mairie, j’ai essayé de boire de l’eau pour me détendre et je shakais tellement qu’elle m’a coulée dans le décolleté, bien sûr, ça a mouillé ma robe et j’ai dû la sécher au séchoir à cheveux 5 minutes avant de partir. Mémorable!) Je suis arrivée accompagnée de Karine, ma soeur, ma mère et mon père à midi et tous les Français étaient dehors en train de parler, comme d’habitude! Mon père est allé les faire entrer, ça a pris 10 minutes, les 10 plus longues minutes de ma vie, cachée derrière un buisson, je pensais que j’allais m’évanouir-là. Ensuite, je suis entrée dans la mairie, et là j’ai vu Chéri faire une face qu’il n’avait jamais fait depuis deux ans que je le connais, tout le monde s’est mis à applaudir et à crier, c’était complètement fou comme moment!!! Évidemment, je me suis mise à brailler tellement j’étais heureuse d’être contente. Après je me souviens plus trop, le maire (il s’appelle Guy Poupart! Un genre de bon vivant, vraiment cool le maire) est arrivé et il a parlé de pleins d’affaires. On a dit «oui» et on s’est frenché passionnément, juste en dessous du portrait tout sourire de Nicolas Sarkozy. On est sortis de la mairie, une soixantaine de personnes nous ont garoché du riz (ça fait pas vraiment du bien dans la face, les grains de riz, j’en avais plein dans le décolleté et j’avais mis des bandes collantes pour me coller la robe au corps : eh oui, plein de grains de riz collés entre les deux boules...) et Damien a joué un air de... cornemuse!!!! Malade. J’ai hâte de vous montrer des vidéos. Maintenant, j’ai une alliance à l’annulaire de la main gauche et ça me surprend à chaque fois que je la vois, je suis pas habituée, je ne porte jamais de bagues et j’arrête pas de jouer avec. C’est cool.

Mes amis Québécois sont tous repartis, nous nous sommes levés à 5h ce matin pour aller reconduire Simon et Sarah qui retournaient en Espagne pour le reste de leur Route de Compostelle (ils m’ont fait la surprise, ils m’avaient écrit pour me dire qu’ils ne pourraient pas venir et finalement, ils sont arrivés sur un coup de tête samedi matin à 10h30. La plus belle surprise de ma vie!) Reste ma famille qui loge à Paris, mais c’est pas pareil : les amis me manquent toujours plus... Nous sommes seuls à la maison, le soleil est pas levé encore... c’est tranquille, tranquille. Y mouille. Tantôt, dans la voiture, je disais à Mon Époux « c’est la vie normale qui va recommencer...» mais en même temps je pensais que depuis qu’on s’est rencontré, tous les événements de nos vies sortent de l’ordinaire... Soit j’ai une bonne étoile, soit ma devise est Sky is the limit, et je ne m’en doutais pas jusqu’à tout récemment. Des fois, je me dis que je suis complètement folle d’avoir déménagé en France et de m’être mariée la même année (le tout en écrivant mon mémoire, ne l’oublions pas celui-là...), mais c’est bon de le vivre malgré tout, et je souhaite l’état d’esprit dans lequel je me trouve à tout le monde. Ah ! et merci à tous ceux qui ont mis leur chapelet sur la corde à linge, il a fait beau et chaud du vendredi au lundi et c’est franchement incroyable en cette saison en Ile-de-France.

(J’ai plein de choses à raconter, je le ferai spasmodiquement durant les prochains jours. Parmi les bonnes nouvelles de la semaine passée : Ta Mère publiera ma mini-nouvelle dans son Livre noir. Oh yeah!)

mercredi 8 octobre 2008

Réveil-matin

Quand la radio sonne le matin, c’est toujours et encore la voix de René Homier-Roy, son accent québécois et sa voix nasillarde, que j'entends. Ce qui est troublant, c’est que ce n’est PAS René Homier-Roy qui parle... Ça me surprend à chaque matin. Bizarre, mon cerveau, non?

(C'est vraiment le plus petit billet que je n'ai jamais écrit.)

dimanche 5 octobre 2008

Quelque chose de vrai

Je fais rarement quelque chose de grandiose le dimanche. Ce matin, je me suis levée, il faisait pas beau, mais ça me dérangeait pas. Les chats m’ont suivie dans la cuisine (en fait ils attendent que je me réveille pour que je leur ouvre la porte, il n’en ont rien à faire de moi !) Je me suis fait un expresso sur le feu. J’ai fait de la pâte à crêpe. J’ai fait des crêpes en lisant La peau des doigts de Katia Belkhodja. (Y’a un des personnages qui fait des crêpes dans son livre, mais ça n’a rien à voir avec moi, en fait, le fait de faire des crêpes m’a fait penser que je pourrais lire en même temps, et que ce serait cool de lire debout, devant mon four, entre deux flips de crêpe.) C’est la vraie vie pour moi : boire un café et faire des crêpes en lisant au bord de la fenêtre par un dimanche matin d’automne, en pantoufle et robe de chambre. Quel bonheur. J’avais commandé le livre de Katia à la librairie du Québec le jour où j’ai vu Stéphane Vachon au Jardin du Luxembourg, c’est-à-dire le 18 juin dernier. Je suis allée le chercher mardi passé... presque 4 mois d’attente... mais ça valait la peine.

Je ne lis plus vraiment d’histoires depuis que je fais ma maîtrise. Comme si j’en avais pas assez à lire comme ça... Si je lis un roman, il faut que ce soit bon (très bon) et relativement rapide. Je suis de plus en plus difficile dans mes lectures, comme si je manquais de temps pour tout lire... je ne veux pas le gaspiller en lisant quelque chose que je n’aime pas. Et, ces temps-ci, je suis incapable de me plonger dans une histoire complexe, dans le sens TROP complexe. J’ai envie de lire et de comprendre tout de suite, pas d’ouvrir le dictionnaire aux deux mots ou de chercher une référence mythologique quelconque sur Wikipedia pour comprendre le troisième niveau de lecture caché dans le deuxième... je me casse assez la tête comme ça pour mon mémoire, pas besoin d’en rajouter quand je prends du temps pour lire. Et «comprendre tout de suite», ça veut pas nécessairement dire que l’écriture ou l’histoire est simple... ça veut juste dire que les mots nous parlent, sentimentalement, ils sont signifiants une fois assemblés, qu’à l’intérieur de nous, on a toutes les clés pour comprendre, ou que le livre nous donne les moyens de les fabriquer, en lisant. Si je comprends tout de suite, ça veut dire pour moi que je lis quelque chose de véritablement humain. C’est peut-être pour ça aussi que j’aime lire les blogues et les recettes de cuisine : les regards personnels sur le monde et l’art culinaire sont fondamentalement humain. J’aime la littérature qui vient du coeur, pour moi, ce qui est viscéral est vrai, même le mensonge.


Une fois, quand j’étais célibataire, je suis tombée en amour avec un gars qui avait déjà une blonde... bon, j’en ai pas fait une maladie, lui non plus, il ne m’aimait pas d’amour et je n’ai rien tenté, respectueusement. Je l’appréciais beaucoup et je lui démontrais une sorte d’affection amicale, celle qu’on entretient avec les gens qu’on aime, sans les connaître vraiment. On a jasé une couple de fois d’art, de littérature et de la vie en général. C’était fort sympathique, et quand on parlait, j’avais toujours le sentiment qu’il voyait clair en moi. Y’a des gens comme ça, on a l’impression de les rencontrer juste pour qu’ils puissent nous dire la vérité à notre sujet. Il s’est passé une chose entre nous : on s’est échangé chacun un livre. Je lui avais donné, pour Noël ou pour sa fête, je ne m’en souviens plus, La Découverte du Ciel de Harry Mulisch, un espèce de livre monstrueux de 1500 pages et plus, sorte de saga familiale à saveur biblique et qui, me semble-t-il, donnait quelques explications au mystère humain. C’était le livre que je préférais d’entre tous à ce moment-là dans ma vie. «C’est bon», qu’il m’avait dit après l’avoir lu, «mais ça manque de vérité, d’émotions...ça manque d’humanité». Ah bon?!? Il m’avait tendu en retour le livre de William Boyd, À livre ouvert, une autobiographie fictive, en me disant «Ça, c’est vrai»... Il venait de m’offrir un des meilleurs livres que j’ai lu de ma vie... Je pense qu’à partir de ce jour-là, je n’ai plus jamais lu de la même façon.

La peau des doigts, ça m’a rappelé cet échange de livre incongru. Je sais pas pourquoi... sûrement parce qu’il y a des livres qu’on lit comme ça, juste au bon moment dans notre vie, et que celui de Katia goûte, un peu comme celui de William Boyd, quelque chose de vrai.

mercredi 1 octobre 2008

Rachel - 1, Boulogne-Billancourt - 0

Aujourd’hui est un grand jour dans l’histoire de ma vie réelle de Française : Je suis sortie de mon département, tu-seule, à bord de la Rachel mobile.

Tout a commencé le jour où, sur les conseils de mon amie Karine, je me suis dit : il faut que j’aille acheter du tulle pour fixer au plafond de la salle de réception de mon mariage. Ça va être beau. Or, du tulle, dans mon coin, y’en a pas. J’avais pensé décorer avec des bottes de foin et des gerbes de blés, pour rester dans la thématique «farmer» mais (toujours sous les sages conseils de mon amie Karine, qui m’a fait connaître son opinion sur mes champêtreries en gardant une seconde de silence, puis en me lançant un «NOOOON !» catégorique à l’autre bout du fil) finalement, j’ai changé d’idée. Maintenant que le mariage frappe à ma porte, le moment était opportun pour aller acheter le fameux tulle en question. Mon traiteur m’avait dit qu’il y avait un magasin, à Boulogne-Billancourt, qui s’appelait Toto solde (pouhahaha !!) et qui vendait toutes les couleurs de tulles inimaginables. Ok...(Boulogne-Billancourt + banlieue parisienne + routes méconnues de Chéri (et donc de moi en l’occurrence) + tu-seule + char = Mourir.)

Plusieurs choix se sont offerts à moi:
1. J’appelais Mon chat ou la Fée Marraine pour qu’un des deux vienne avec moi. Le problème, c’est que j’ai pas toujours envie d’être avec eux pour faire mes affaires. Ils sont supers gentils, mais c’est comme ça, j’ai pas envie.
2. Je demandais à Mon chat ou à la Fée Marraine qu’ils me prêtent leur GPS. L’affaire, c’est qu’ils m’auraient sûrement proposé de m’amener, et ça aurait eu l'air bête de dire non.
3. Je demandais à un des voisins de venir avec moi, mais il n’y avait personne à côté aujourd’hui.
4. Fuck off, j’y vas pas. Je vais le commander sur Internet...
5. Je vais y aller en fin de semaine avec Chéri, mais on n'a crissement pas le temps.
6. Je vais y aller maintenant, tu-seule, sans GPS, et je vais mourir.

J’ai choisi la dernière solution, qui m’a franchement réussi, parce que je ne suis pas morte.
Ça a l’air con, mais y’a trois mois, j’aurais jamais pris ce risque, (qui n’en est pas vraiment un) parce que je n’avais pas confiance en moi. C’est pas évident conduire ici. À cause des ronds-points, on a toujours l’impression de revenir sur nos pas, les noms de rues ne sont pas toujours bien indiqués, les gens ne conduisent pas de la même manière qu’au Québec, bref, il faut conduire à tâtons. Je ne pensais pas avoir les moyens de prendre mon char et d’aller dans un endroit totalement inconnu sans copilote. Évidemment, je sais bien que ce genre de peur-là n’est pas justifiée. C’est pas ça l’important. L’important, c’est de passer par-dessus un jour, même si ça prend du temps (c’est kitsh, hein? Mais c’est vrai). Quand je suis partie en char tout à l’heure, je shakais et j’avais des palpitations... jusqu’à ce que je me trompe de chemin. J’avais pas le choix, je me suis arrêtée pour regarder ma carte, j’ai fait demi-tour, j’ai trouvé le bon chemin, j’ai trouvé un stationnement à Boulogne-Billancourt, j’ai demandé mon chemin (parce que j’avais tourné pas mal pour trouver le stationnement), je suis rentrée dans le magasin, j’ai acheté du tulle, je suis repartie. J’ai ensuite niaisé vingt minutes en char dans Boulogne-Billancourt (partir c’est toujours plus compliqué que de venir à cause des sens interdits... je me suis arrêtée deux fois pour regarder mes cartes). Je suis revenue chez nous, saine et sauve, avec du tulle en plus.

Je crois que je viens de franchir une étape dans ma thérapie d’adaptation à ma vie de Française.

*****

...j’arrête pas d’écrire mon blogue là !!! C’est juste que je serai moins assidue en raison, et de mon mariage, et de mon mémoire. Merci à tous ceux qui ont témoigné de l’intérêt pour mes anecdotes. Ça fait chaud au coeur.