mardi 3 juin 2008

Y a-t-il un psychanalyste dans la salle?

Cette nuit, j’ai fait mon premier rêve de Française. Je suis dans le métro de Paris, c’est le soir et il y a plein de monde, comme en vrai. En regardant les stations défiler, je me rends compte que je me suis trompée de direction, donc je descends du train, mais pour prendre la direction opposée, je dois encore payer mon entrée, ce que je fait. Les tickets qu’on me donne au guichet ressemblent à des porte-clés et (évidemment...) je suis incapable de les mettre dans la fente pour pouvoir passer le tourniquet. Après c’est flou; je ne m’en souviens plus ben ben... J’imagine que j’ai rêvé à ça parce que ces temps-ci je me demande si c’était une bonne idée finalement de rédiger mon mémoire en France : j’ai toute la documentation dont j’ai besoin, mais je suis incapable d’écrire quelque chose d’ordonné et de sensé. Depuis une semaine, je ne fait que réécrire ce que j’avais déjà écrit... impasse, je tourne en rond, patapon.

Avant quand j’étais tannée d’écrire, j’allais faire un tour dans Bonnelles, poster une lettre (ce qui est une activité en soi ici, puisque Madame La Poste est vraiment mêlée), ou marcher dans les bois. Maintenant, c’est différent. Je pensais que je m’étais fait un ami à Bonnelles. C’est un vieux monsieur, plus petit que moi. Au début je l’entendais juste parler dans la rue quand mes fenêtres étaient ouvertes. Sa voix est reconnaissable entre toutes, et pour cause, on dirait qu’il a une trachéotomie. Mais non. Il porte toujours un bleu de chine et un béret, marche avec une canne et se rase d’une façon telle que sa barbe ressemble à une coupe à blanc, tout comme le poil de son chien, qui lui a l’air de sortir tout droit d’une ruelle de Marrakech. Je l’avais déjà remarqué en ouvrant mes volets le matin, puisque j’habite en face du Tabac, et qu’il s’y arrête tous les jours vers 8h. Il promène un petit caddie avec 2 ou 3 cannes à pêche dedans. Je ne sais pas quels genres de poissons on peut pêcher au Tabac de Bonnelles, mais si on se fit aux rumeurs, ce doit être une sorte de barbotte qui macère des jours et des jours dans l’alcool, parce que jeudi dernier, mon petit monsieur était pas mal entreprenant.

Chaque fois que je sors, il est là. On dirait qu’il m’attend. Quand il me voit, il s’arrête de marcher et me regarde, hagard, le sourire fendu jusqu'aux oreilles. Alors, j’ai commencé à lui dire «Boooonjoooouur!», comme font tous les Bonnellois et Bonnelloises. Et il me répond toujours de sa voix d’outre-tombe, me parle de la température et d’autres choses que je n’arrive pas à saisir. Jeudi dernier, je sors pour aller à mon cours de yoga. Une grosse minute de marche quand je prends mon temps. Il était encore là, de l’autre côté de la rue, mais cette fois-ci il ne s’est pas arrêté de marcher. Il s’est plutôt mis à courir à ma rencontre (avec sa canne, quel badineur!), a traversé la rue (là, j’ai commencé à avoir peur), m’a dit «Bonjour»(mais ça ressemblait plus à «Vaonfvfjur») puis m’a attrapé par le cou pour que je penche de façon à ce qu’il puisse poser deux gros becs gluants de robine sur ma tendre joue. Il m'a demandé si j'allais au cours de gymnastique, tout en mimant les mouvements. C'était pitoyable. Maintenant ce n’est plus mon ami.

Hier, je vais chercher une baguette chez le boulanger, il était encore là, dans la rue. J’ai couru jusque chez le boulanger. Il est toujours là, (vieux cochon) !!! Il faut que j’aille à la Poste tantôt et j’ai pas envie. Sois je suis schizophrène, sois je suis en train de développer une phobie-du-vieux-bonhomme-de-Bonnelles.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

haha mais tu as fais connaissance avec le taupiiiier a ce que je vois!!!
Mal t'en as pris héhé mais bon ya bien pire...
Fais attention a mamie Nova parce que tu le regretteras longtemps.

Parole d'un ancien bonnellois (qui y retourne de temps en temps).

Bonne continuation au croisement libération/division leclerc

Christophe Dugave (Bonnelles) a dit…

Mort de rire !!! Bon, d'accord, ce doit être une expérience pénible mais, au final, ça fait des choses à raconter. D'autant plus que les mauvaises (?) langues prétendent qu'il peut aussi mettre la main aux fesses.. Et puis ça fait couleur locale... Même au Lac Saint-Jean, il n'en ont pas des comme ça !
Mais pour info, il est parti en maison de retraite. Tout se perd.. Heureusement qu'il nous reste Mamie Nova !!!
Bon promis, si on se croise dans la rue on peut se dire bonjour : je fais rarement la bise (sauf si on me le demande), je ne mets pas la main au panier et, cerise sur le gâteau, je n'ai pas la voix d'un grand fumeur.