mercredi 1 octobre 2008

Rachel - 1, Boulogne-Billancourt - 0

Aujourd’hui est un grand jour dans l’histoire de ma vie réelle de Française : Je suis sortie de mon département, tu-seule, à bord de la Rachel mobile.

Tout a commencé le jour où, sur les conseils de mon amie Karine, je me suis dit : il faut que j’aille acheter du tulle pour fixer au plafond de la salle de réception de mon mariage. Ça va être beau. Or, du tulle, dans mon coin, y’en a pas. J’avais pensé décorer avec des bottes de foin et des gerbes de blés, pour rester dans la thématique «farmer» mais (toujours sous les sages conseils de mon amie Karine, qui m’a fait connaître son opinion sur mes champêtreries en gardant une seconde de silence, puis en me lançant un «NOOOON !» catégorique à l’autre bout du fil) finalement, j’ai changé d’idée. Maintenant que le mariage frappe à ma porte, le moment était opportun pour aller acheter le fameux tulle en question. Mon traiteur m’avait dit qu’il y avait un magasin, à Boulogne-Billancourt, qui s’appelait Toto solde (pouhahaha !!) et qui vendait toutes les couleurs de tulles inimaginables. Ok...(Boulogne-Billancourt + banlieue parisienne + routes méconnues de Chéri (et donc de moi en l’occurrence) + tu-seule + char = Mourir.)

Plusieurs choix se sont offerts à moi:
1. J’appelais Mon chat ou la Fée Marraine pour qu’un des deux vienne avec moi. Le problème, c’est que j’ai pas toujours envie d’être avec eux pour faire mes affaires. Ils sont supers gentils, mais c’est comme ça, j’ai pas envie.
2. Je demandais à Mon chat ou à la Fée Marraine qu’ils me prêtent leur GPS. L’affaire, c’est qu’ils m’auraient sûrement proposé de m’amener, et ça aurait eu l'air bête de dire non.
3. Je demandais à un des voisins de venir avec moi, mais il n’y avait personne à côté aujourd’hui.
4. Fuck off, j’y vas pas. Je vais le commander sur Internet...
5. Je vais y aller en fin de semaine avec Chéri, mais on n'a crissement pas le temps.
6. Je vais y aller maintenant, tu-seule, sans GPS, et je vais mourir.

J’ai choisi la dernière solution, qui m’a franchement réussi, parce que je ne suis pas morte.
Ça a l’air con, mais y’a trois mois, j’aurais jamais pris ce risque, (qui n’en est pas vraiment un) parce que je n’avais pas confiance en moi. C’est pas évident conduire ici. À cause des ronds-points, on a toujours l’impression de revenir sur nos pas, les noms de rues ne sont pas toujours bien indiqués, les gens ne conduisent pas de la même manière qu’au Québec, bref, il faut conduire à tâtons. Je ne pensais pas avoir les moyens de prendre mon char et d’aller dans un endroit totalement inconnu sans copilote. Évidemment, je sais bien que ce genre de peur-là n’est pas justifiée. C’est pas ça l’important. L’important, c’est de passer par-dessus un jour, même si ça prend du temps (c’est kitsh, hein? Mais c’est vrai). Quand je suis partie en char tout à l’heure, je shakais et j’avais des palpitations... jusqu’à ce que je me trompe de chemin. J’avais pas le choix, je me suis arrêtée pour regarder ma carte, j’ai fait demi-tour, j’ai trouvé le bon chemin, j’ai trouvé un stationnement à Boulogne-Billancourt, j’ai demandé mon chemin (parce que j’avais tourné pas mal pour trouver le stationnement), je suis rentrée dans le magasin, j’ai acheté du tulle, je suis repartie. J’ai ensuite niaisé vingt minutes en char dans Boulogne-Billancourt (partir c’est toujours plus compliqué que de venir à cause des sens interdits... je me suis arrêtée deux fois pour regarder mes cartes). Je suis revenue chez nous, saine et sauve, avec du tulle en plus.

Je crois que je viens de franchir une étape dans ma thérapie d’adaptation à ma vie de Française.

*****

...j’arrête pas d’écrire mon blogue là !!! C’est juste que je serai moins assidue en raison, et de mon mariage, et de mon mémoire. Merci à tous ceux qui ont témoigné de l’intérêt pour mes anecdotes. Ça fait chaud au coeur.

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