Billet sincère et sans trop d’ironie : mes amis, j’ai touché le fond hier.
Fuck, je m’ennuie, y’a rien à faire. J’ai l’impression de passer à côté de ma vie, d’avoir manqué le train. Ça fait presque 5 mois que je suis ici et j’arrive pas à m’intégrer, à me sentir chez moi et à exister ici, maintenant, en France. Remarquez que je n’ai peut-être pas choisi la voie la plus facile. Écrire un mémoire en étant pas inscrite à l’université ici, c’était peut-être pas winner. Je ne le savais pas d’avance. Mon optimisme et moi croyions que c’était possible, voire facile, l’été dernier. Je pense que j’ai fait des efforts (déjà, je suis capable de parler fort en public, ce que je n’arrivais pas à faire en arrivant; j’ai réappris à conduire; je fais des trucs de Français, comme aller passer un week-end en Bretagne; je mange des lardons; je dit, à la boulangerie : «ce sera touuuuut!»; je dis «automate» au lieu de «guichet automatique», relou, ouf, planquer, bonsoir ; je vouvoie les gens (!)), j’essaie même d’être amie avec mes voisins, avec qui j’ai, sans aucun doute, zéro point en commun, sauf peut-être le fait d’être humaine. J’arrête pas de me demander ce que j’ai fait de pas correct pour que ça marche pas (Si quelqu’un d’entre vous croit détenir la vérité sur moi, prière de me laisser un commentaire). Y’a des moments où ça allait mieux pourtant, je ne sais vraiment pas ce qui fait que je retombe toujours dans le même pattern cave et négatif. Pour tout vous dire, je ne me reconnais même pas une miette là-dedans, je suis rarement déprimée, me semble (?!?)
Franchement, je fais une dépression, j’ai tous les symptômes. Le mal du pays est une dépression en soi, sauf que c’est le genre de blues inguérissable à mon avis. Si on tient compte qu’on guérit d’une dépression en changeant d’attitude face à nos idées noires, on peut pas dire que j’ai rien fait pour (j’en ai peut-être pas fait assez? Je ne le saurai jamais). Régler le problème n’est pas si difficile au fond : il faut juste revenir, que je me dis... je me bourrerai pas de pilules avant d’être retournée à Montréal, juste pour voir, si c’est véritablement ça le problème. Pour le moment, c’est dur de croire qu’il s’agit d’autre chose : j’en rêve toutes les nuits, ça devient maladif. Mais je garde l’oeil ouvert, j’ai peut-être juste mal digéré mon complexe d’Oedipe, qui sait?
Je craque. Coup de tête d’envergure : j’ai débloqué des fonds chez Mastercard et je fais un petit aller-retour imprévu (et dangereux, oui, car maintenant je peux vraiment dire avec assurance que je suis dans une situation financière plus que précaire, mais la santé, «ça n’a pas de prix» (maudit slogan de mastercard, on finit par y croire...)) à Montréal. (Je n’aurai pas le temps d’aller tous vous voir mes chéris, j’espère que c’est sans rancune).
Billet sincère: l’optimisme qui gît à mes côtés me dit de vous dire qu’elle espère sincèrement vous revenir top shape dans quelques jours pour pouvoir vous raconter à nouveau les joies et les complications de son existence.