lundi 8 septembre 2008

Rien de nouveau sous le soleil

J’habite à Bonnelles depuis le 27 janvier 2008, malgré les difficultés d’adaptation auxquelles je fais face, Bonnelles, la région parisienne, c’est chez moi, je me suis habituée, j’ai mes repères maintenant. Même si je ne travaille pas, j’ai une routine (et les êtres humains ont besoin d’un minimum de routine pour ne pas devenir fous) : je me lève, je fais du yoga, je me fais du café, je déjeune, je m’assis à l’ordi et je prends tous mes messages, j’y réponds, je prends ma douche, je me rassis devant l’ordi, je travaille (ou pas, ça dépend!), je dîne, je vais prendre une marche, je reviens, je fais la vaisselle, je me rassis devant l’ordi, je lis les nouvelles de Montréal, je re-travaille (des fois (!)), Chéri rentre vers 18h, on se fait à souper, etc. (Maintenant, vous savez tout de ma vie!) C’est cave, mais c’est de même à tous les jours de semaine, avec quelques variantes évidemment, et c’est pas nécessairement plate, sans être nécessairement passionnant. C’est la vie. C’est vrai que je sors moins qu’avant en semaine, et je suis engagée dans beaucoup moins de projets, mais je ne pense pas que ça change quoi que ce soit au besoin de vacances.

Deux ans que je n’avais pas pris de vrais vacances (depuis les trois semaines que j’ai passé en France en août 2006). Par vacances, j’entends s’en aller loin de chez soi pour au moins deux semaines, et s’obliger à ne rien faire d’autre que d’être là et de vivre où on se trouve. Pas obligé de se saigner financièrement (en fait ce ne serait pas des vacances si on pensait toujours à l’argent, n’est-ce pas?), ou de prendre un avion pour Tombouctou. Vous voyez ce que je veux dire : les vacances c’est s’en aller loin de chez soi, au propre comme au figuré. Sortir de la routine pour une fin de semaine de trois jours, ça ne fonctionne pas, ce n’est pas assez malheureusement : en trois jours on n’arrive pas à sortir de sa tête, on pense toujours à ce qu’on a à faire lundi... Même pour une semaine : je suis allée au Vermont une semaine l’été dernier. Aujourd’hui je me rends compte qu’à ce moment-là je n’avais pas réussi à décrocher. Trop de tourments accumulés en un an pour pouvoir les évacuer en 7 jours.

C’est dur de se sentir en vacances. Malgré le décor paradisiaque de la Corse, je n’arrivais pas à me dire que je méritais réellement ce séjour. C’est complètement irrationnel de se dire ça alors que ça faisait deux ans que je ne m'étais pas arrêtée pour plus d’une semaine! Pendant les 5 ou 6 premiers jours de mes vacances en Corse, je regrettais de ne pas avoir amené le brouillon de mon chapitre théorique et Anne Ubersfeld avec moi. Je crois que je suis peut-être victime du préjugé selon lequel les étudiants se pognent le cul aux frais du gouvernement (et je ne dois pas être la seule): j’ai eu beaucoup de mal à travailler sur mon mémoire cet été, disons que ça ne m’a pas aidé à aller au-delà de ce préjugé... et je me sentais coupable de prendre des vacances. Horreur : pendant 20 jours je ne pourrais pas me casser la tête sur les théories de la traduction du théâtre et je serais forcée de me baigner chaque jour dans la Méditerranée...

Peut-être que ce billet vous paraît d’une évidence monstrueuse... peut-être que j’ai l’air snob de me la péter d’avoir pris des vacances en Corse... mais vu l’état mental et physique «top shape» dans lequel je me trouve depuis que je suis revenue (et ça m’étonne moi-même d’être aussi bien dans ma peau, alors que tout était une corvée avant de partir), je me dis que c’est juste de vacances dont j’avais besoin, un vrai break, et j’en souhaite un à chacun de vous. La prochaine fois je serai moins philosophe, et je vous raconterai comment on s’est fait attaquer par un cochon sauvage Corse.

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