jeudi 4 septembre 2008

Corse 102: les relations hommes/«cochonnes»

Tout d’abord, il faut que vous ayez en tête l’accent corse : imaginez celui de Marseille sans toutes les petites fioritures (les Corses prononcent moins toutes les syllabes) et coller à cet accent les intonations de l’italien (n’allez toutefois jamais dire à un Corse que son accent ou sa langue ressemble à celle des Français (encore moins à celle des Marseillais) ou des Italiens) et ajoutez-y un petit fond nasillard. C’est un heureux mélange, plein de charme et d’exotisme. Maintenant que vous savez à peu près comment sonnent les Corses, il faut trouver l’attitude Corse juste qui se marie avec l’accent. Pour interpeller quelqu’un, signifier leur surprise, ou pour tout autre raison, les Corses ne disent pas «Eille», comme les Québécois, ou «Hé», ou «Ho», comme les Français : ils disent plutôt quelque chose qui ressemble à «a(w)ôôôôôh» (genre de «ho» très étiré qui ressemble à ce qu’on dit à un cheval pour qu’il s’arrête (ce n’est pas péjoratif, mais c’est tout de même comparable). Maintenant, les gars, faites-vous bronzer et adopter l’attitude la plus machiste que vous connaissez. Les filles, enfilez votre plus joli bikini, et fermez-là! Car ce qui fait entre autres le charme de la Corse (et que nous avons apprécié à maintes reprises en nous arrêtant dans les villages et en nous pâmant devant l’architecture qui n’a pas bougé depuis plusieurs siècles), c’est qu’elle a su préserver ses traditions.

Nous sommes assis tranquilles au bord d’une rivière que seuls les villageois du coin connaissent (nous la connaissons parce que notre ami Rafaël passe ses vacances en Corse depuis 3 étés). L’endroit est génial : nous sommes entourés de montagnes et nous nous faisons chauffer le derrière sur les pierres qui forment les contours d’une piscine naturelle d’environ 5 ou 6 mètres de profondeur (tout le monde a sauté de la falaise sauf moi qui a une peur bleue de mourir en faisant ça!) Nous profitions depuis quelques heures de notre coin de paradis lorsque les Corses sont débarqués. Les gars se sont toute suite jetés à l’eau, alors que les filles ont pris leur temps pour bien ranger leur vêtements et leurs tongs (équivalent de gougounes). Il faut dire qu’il fait 40 degrés et que l’eau de la rivière doit être à 16 ou 17°... méchant choc thermique. Les filles ont mis du temps à se saucer. Elles ont ensuite remonté un peu le courant pour aller s’asseoir dans les remous (super cool les remous). L’un des Corses (le plus énervé et le plus énervant) commence à gueuler «a(w)ôôôôh, Cochooonnes! Regarde-biengn!!!» Il interpellait les filles... j’avais le fou rire, mais en même temps je me disais que ça n’avait pas d’allure d’appeler les filles comme ça! Ce que je n’avais pas vu c’est qu’il tenait quelque chose dans les mains qu’il a balancé au bout de ses bras. C’était les tongs d’une des filles. Ça gueulait dans les remous, mais tout le monde riait aussi, au début... Le problème, c’est que les gars ont balancé comme ça les 4 paires de tongs, pas juste une fois... deux, trois, quatre, cinq fois. À chaque fois, les filles allaient les chercher et les ramenaient sur les pierres. Elles n’avaient pas le temps de retourner dans l’eau que les tongs était à nouveau dans la rivière. À un moment donné, le même Corse fatiguant a enfilé les vêtements des filles et s’est jeté à l’eau avec... on commençait à rire jaune. Les filles sont sorties de l’eau. L’une d’elle, la plus excédée, s’est allumé une cigarette, et plouf, un mec l’a poussée et elle est tombée à l’eau, toute habillée. L’atmosphère bon enfant est soudainement devenue très tendue au moment où le Corse fatiguant a mis une pierre dans une des tongs pour la faire couler au fond de l’eau... Une des filles lui a demandé gentiment d’arrêter de faire le con, mais lui répondait toujours «a(w)ôôôôh! Qu’est-ce-qu’il- y-a-cochoonne! Tu-me-casses-les-couilles-à-la-fingn!!!» (le gars était sérieux...) Il a pris une pince à cheveux qui trainait sur les rochers. «Non, tu-ne-balance-pas-ma-piince!» dit-elle, mais l’autre lui a répondu « a(w)ôôôôh! J’en-ai-riengn-à-foutre-de-ta-piince-à-deux-frangn-cinquante!» et hop, la pince a bu la tasse «Va-chercher-ta-piince, cochoonne!». Nous avons alors quitté les lieux qui nous semblaient tout à coup moins paradisiaques. En partant, j’avais envie de souhaiter «bon courage» aux filles, il me semblait que ça s’appliquait tout à fait à la situation, mais pour ne pas en rajouter j’ai lancé «bonne fin de journée!» en me disant que, si les relations hommes-femmes était comme ça en Corse, j’avais eu de la chance de ne pas être née «cochonne».

1 commentaire:

Anonyme a dit…

ne t'inquiete pas, ils ne sont pas tous comme ca.... en general les garcons sont tres gentils en corse et c est plutot les filles qui les menent par le bout du nez, ceci dit il reste encore des hommes des cavernes comme ces imbéciles que tu as rencontrés!
une corse