mercredi 4 mars 2009

Maison des fous: l'aventure se poursuit

Avant de vous parler de rugby, sport merveilleux et excitant, et des expressions délectables de ses commentateurs, laissez-moi vous entretenir au sujet de l’infection de mon existence, celle qui n’existait pas il y a de cela un an et demi, qui me fait de plus en plus tourner en bourrique, sans compter qu’elle se propage présentement à toutes les sphères de mon passage sur terre.

Pour vous raconter ceci, je n’ai pas besoin d’ouvrir l’épais cahier Hilroy bleu royal, non, je me souviens de chaque détail : l’angoisse, l’horreur, l’incompréhension. Voilà. Lorsque j’ai commencé les démarches pour switcher ma vie du Québec à la France, j’ai fait une demande de visa de long séjour qui coûtait 350$ et allait m’empêcher de travailler pendant toute sa durée. Je devais ramasser une tonne de paperasse, aller voir des avocats, des agents d’assermentation, etc. Je n’avais aucune bonne raison d’aller en France (la raison «Chéri» n’est pas valable aux yeux des agents de l’immigration) et en plus je n’avais pas d’argent. J’ai pris rendez-vous au Consulat de France à Montréal. On m’a renvoyée chez moi en me disant : «pourquoi n’appliquez-vous pas pour un PVT (permis vacances-travail). Vous avez l’âge requis, c’est gratuit et vous pourrez travailler». Je suis donc retournée chez moi avec le dossier épais comme ça que j’avais préparé. Je n’en avais plus besoin. Il ne me manquait plus qu’à prendre un autre rendez-vous, présenter quelques papiers bancaires une assurance voyage et on me donnait le visa sur le champ. J’ai obtenu le PVT le 18 janvier – je partais le 27. J’étais un peu stressée… L’agent du Consulat de France a collé une vignette dans mon passeport sur laquelle il est écrit : «dispense temporaire de carte de séjour» pour la durée de ce visa. Yesss, pas besoin de faire la file à la préfecture. C’est vraiment bien fait… en plus, je peux rester jusqu’au 27 avril 2009 sans carte de séjour, puisqu’en tant que Canadienne, je peux passer en France 3 mois de plus sans visa. Yesss…

Entre temps, j’ai pu me marier, grâce entre autres au fait que j’avais un visa de long séjour et que j’étais en situation régulière. Au préalable, je m’étais informée pour obtenir ce qu’on appelle une «carte de séjour vie privée et familiale» qui me permettait d’obtenir l’équivalent de ce qu’on appelle au Québec «la résidence», et que je pouvais obtenir une fois mariée. La carte me permet d’avoir une vie normale : étudier, travailler, etc. (sans droit de vote et sans passeport français. Mais ça, on s’en fout. Ce n’est pas mon but.) Manque plus qu’à aller faire la file à la préfecture. Ce que j’ai fait ce matin. J’ai pris le char jusqu’à la très chic Versailles, me présenter une première fois, oui, pour prendre rendez-vous, ouvrir le dossier. La deuxième fois c’est pour obtenir la carte. Jusqu’ici, y’a pas de problème, c’est juste long et plate.

Je m’attendais à l’horreur, des gens qui gueulent partout, des émeutes, je m’attendais à passer la journée là. À la française quoi. Nenon, c’est cool. Des machines à cafés dans un coin, tout le monde attend tranquillement, je me dis : ça va être vite fait, yesss… Je donne ma paperasse (il en fallait quand même un peu…), on me donne un rendez-vous. Hourra! J’y crois pas, tsé… En effet.

J’attends une heure environ. Quand ça été mon tour, la madame regarde mon visa et dit : «C’est quoi ça? Dispense temporaire de carte de séjour?!?... » Elle attrape le téléphone et appelle un collègue… Je n’entends que quelques bribes de conversations… «Elle a fait un échange… C’est pas valide… elle ne pourra pas travailler pendant un moment… ce sera refusé…» Ceux qui me connaissent bien sauront qu’à ce moment-là j’avais les joues en feux. Je n’ai pas le bon visa. Il faut refaire une demande de visa de long séjour pour conjoint de français et ensuite on m’accorde la carte de séjour vie privée et familiale. Du moins, c’est ce que j’ai compris. La madame me donne rendez-vous : le 15 juin OK!!!! Là je n’ai pas le droit de travailler d’ici ce temps-là. Je n’ai plus de visa à partir du 27 avril, mais je serai quand même en situation régulière jusqu’au 15 juin (?!?). Ça a l’air que je suis exemptée de visa vu que je suis quand même entrée de façon régulière en France avec un visa long séjour et que je suis conjointe de Français (ce qui signifie que je devrai me promener en permanence avec mon acte de mariage sous le bras. Ça changera de la baguette.) Je n’y vois goutte. (Je me relis et je ne suis même pas sûre de comprendre vraiment ce qui se passe). Je suis comme dans un no man’s land entre le Québec et la France, pas tout à fait là-bas, ni vraiment ici. En flottement.

Le comble : mon permis de conduire expire le 10 juin, 5 jours avant mon rendez-vous, et j’ai besoin d’une carte de séjour pour pouvoir l’échanger contre un permis français.

Bienvenue dans mon monde.

4 commentaires:

Unknown a dit…

ça ne m'est jamais arrivé parce que je ne suis jamais vraiment sortie de chez moi mais c'est tellement le genre de truc qui me cours après que ça me surprend que ça ne me sois pas arrivé dans mon propre pays.

mais bonne chance. tout ira bien tu verras. et pour les 5 jours flottants, essaie le patin à roulette? :P

Rachel a dit…

LOL ouais je vais essayer les patins à roulettes!

Finalement, je suis allée voir sur le site de SAAQ, on peut obtenir un permis sans photo pour une durée de deux ans, alors j'en ai fait la demande (il fallait se prendre 3 mois d'avance, j'étais juste!). Maintenant, j'attends des nouvelles. C'est un bon exercice de patience de s'exiler!!!
À bientôt!

Anonyme a dit…

Salut Rachel!
Je fais une belle découverte ce soir! Je suis allée voir par hasard le site de Scotch et sloche et je vois ton nom dans la section Twitter et je me suis dit "Est-ce la Rachel G. que je connais ??" Hé bien oui!
Sache que ta mésaventure administrative française à l'air d'être commune...j'ai lu sur un autre blogue qu'une Québécoise exilée en France avait eu un problème similaire.
Bonne continuation!
Une ancienne collègue du Champigny
(Karine)

Rachel a dit…

Coucou Karine! et bienvenue ici!
...ouais je sais que c'est assez familier ici les problèmes administratifs, alors je ne me sens pas trop seule et abandonnée!!! Merci pour le petit mot, à bientôt peut-être!