Le blogue : ce genre de lecture rapide, qui parle de tout et de rien, et surtout qui, pour moi, n’est pas de la Littérature avec un grand L (ce qui, rassurez-vous, n’empêche pas que j’ai beaucoup respect pour plusieurs auteurs.) Trop disparate pour coller au genre, trop de photos, trop de dessins, trop d’intertextualité, trop d’inside et d’adresses au lecteur, trop de poésie bidon, trop de post qui ressemblent à des pubs, trop de vidéos, trop de fautes d’orthographe, trop de MOI –AUTEUR, trop d’excuses pour justifier et trouver un sens à son existence... et je n’ai pas la prétention de dire que j’évite ce genre de digression littéraire sur Suivi des coups de tête. J’adore les blogues exactement pour ce que je leur reproche. Bref, leur tâche est de piquer la curiosité. Celui de Simon Poulin était d’ailleurs une référence dans ce domaine et peu m’importe qu’il se soit servi de cette tribune pour exposer ses viscères au grand jour ou pour mettre à l’épreuve ses exercices de style. Il n’y a pas de règles à suivre sur les blogues, ou du moins pas vraiment d’institutions qui les gère, c’est le règne de l’auteur libre et du lecteur avide, critique et vorace. J’ai l’impression parfois que c’est le «j’en-ai-marre» de la littérature, une contre-révolution du genre. Paradoxalement, ça m’a redonné le goût d’écrire des histoires, justement parce qu’elles ont trouvé un ailleurs moins abstrait que les oubliettes de mon disque dur...
Simon Poulin redoutait de se faire reconnaître dans la rue, mais avait le chic pour faire saliver son lecteur et le faire réagir, tâche ardue sur la blogosphère, où tout un chacun semble chercher un peu de reconnaissance. J’étais accro (et j’étais pas toute seule!) aux histoires de Simon, aussi pathétiques soient-elles, mais aussi aux commentaires dont les propos étaient parfois aussi scabreux que le message, le meilleur et le pire au même endroit, une allégorie de l’humanité, ouais... Le personnage n’était pas tout ce qu’il y avait de sympathique : pornographie et autres déjections primales et machistes, ordinairement, j’en ai rien à faire... mais j’ai vraiment eu envie de le croiser dans la rue, de le connaître un peu plus (ce qui s’est avéré impossible étant donné ma situation géographique), la preuve certainement qu’il est autre chose que ce qu’il raconte, un auteur peut-être. Entoucas, il s’est auto-consacré comme tel et il a eu bien raison. Sauf mon respect pour l’aspect autobiographique : c’était bon ! Si on veut mettre une image sur mes mots (et ainsi rendre hommage à l’auteur), on pourrait dire que Simon m’a bien fourrée et que j’ai bien jouis. Malheureusement, je ne livrerai pas ici tous les détails de cette nuit chaude et endiablée. Ça, c’est le truc de Simon. Merci pour le one night stand.
